Les banques anglaises ayant beaucoup d'investisseurs européens, doivent délocaliser pour conserver leur passeport européen et continuer à travailler avec leurs partenaires. En effet, l'UE pèse pour 37 % de l'export de services financiers du UK, soit 9Mds £.
Pourquoi pas le Luxembourg ?Le Luxembourg avec ses 143 banques comptant pour 766 642 mio d'euros est le 2 ème centre financier au monde. Il dispose également d'un régime fiscal attrayant, d'une stabilité et d'une sécurité ainsi que d'une main-d'œuvre qualifiée et multilingue. C'est aussi un carrefour central accessible au cœur de l'Union européenne.
Des relations commerciales étroites entre Luxembourg et le Royaume-UniSelon Nicolas Mackel, président de Luxembourg for Finance, le Luxembourg est déjà l'arrière-salle de Londres. Les fonds d'investissements sont généralement créés au Luxembourg puis administrés depuis Londres ou gérés ailleurs. La perte pour La City de son passeport européen pourrait donc renforcer l'aspect succursale de la place luxembourgeoise après le Brexit. Certaines activités pourraient ainsi être délocalisées pour conserver les bénéfices du passeport. Notamment des activités comme la gestion de fortune et de fonds d'investissements, spécialités du Grand-Duché.
Avec près de 6000 citoyens britanniques résidents au Luxembourg, le Royaume-Uni est le 5ème partenaire du Luxembourg à l'exportation et le 7ème à l'importation. La part du Royaume-Uni dans les exportations de services du Grand-Duché représente ainsi 16 % en 2015 - occupant la 2ème place juste derrière l'Allemagne et a bénéficié d'une hausse quasi-continue depuis le début des années 2000 où elle s'affichait alors à seulement 5 %. Selon la CSSF en 2016, Les 7 banques britanniques de la place luxembourgeoise, représentent 17,2 % des actifs nets de la place, juste derrière les USA qui représentent 20,5 % du total des actifs nets au Luxembourg.
Déjà 21 sociétés délocalisent au Luxembourg21 entreprises ont déjà confirmé leur délocalisation post-Brexit au Grand-Duché de Luxembourg, selon un rapport de KPMG. HSBC a confirmé son installation en France à Paris, trois sociétés en Belgique, 4 aux Pays-Bas, 8 en Allemagne et 14 en Irlande, faisant du Luxembourg la première destination de délocalisations post-Brexit ! Parmi elles on recense : 31, AIG, Bank of America, Blackstone, Carlyle, China Everbright Bank, Columbia Threadneedle, EQT Partners, FM Global, Goldman Sachs, Hiscox, HSBC, ICG (Intermediate Capital Group), JP Morgan, M&G Investments, MJ Hudson, Morgan Stanley, Ping Pong, Ppro Group, Rakuten Commercial Banking, RSA et Shanghai Pudong Bank.
Il est à noter cependant que certaines de ces sociétés vont s'installer dans plusieurs pays à la fois pour profiter d'une stratégie de diversification. C'est le cas par exemple de JP Morgan qui va s'installer entre Luxembourg, Dublin et Francfort. Ou encore UBS qui répartira ses 5000 postes entre Madrid, Francfort et Amsterdam. Le Luxembourg ne bénéficiera donc pas de tous les postes délocalisés et pour cause : le Grand-Duché ne présente pas toutes les capacités d'accueil sur le plan des bureaux et logements, même si nombreuses sont les grues de construction à y faire partie du paysage urbain.
Selon les observateurs, sa rivale Francfort peut rafler le record des effectifs délocalisésFFM dispose non seulement des sièges de la BCE et de la Bundesbank (plus grande banque centrale de la zone euro), mais aussi de la BaFin et de l'ABE (Haute Autorité Européenne de surveillance). Cette ville part aussi largement favorite puisqu'elle dispose d'un réservoir de personnel qualifié, d'un aéroport international et surtout d'un marché de l'immobilier globalement moins cher et disponible que les autres villes européennes en compétition.
Selon Hubertus Väth, directeur de la société Frankfurter Main Finance - chargée de la promotion de Francfort - au total, un millier de postes seront accueillis d'ici fin 2017, voire 10000 à 20000 d'ici 2021. Le Brexit fera-t-il bien les affaires de " Frankfurt am Main-hatan " ? 😉
D'autres villes européennes dans la compétitionD'autres grandes banques comme HSBC ont déjà confirmé leur départ pour Paris où notamment plus de 1000 postes seront rapatriés de La City.
D'autres villes se disputent l'accueil des agences européennes actuellement basées au Royaume-Uni. C'est le cas de l'agence du médicament (EMA) qui représente 900 postes à déplacer. La Commission européenne rendra son statut dès novembre 2017 pour départager Bonn, Lille, Helsinki Copenhague Amsterdam et Barcelone. Idem pour l'Autorité Bancaire Européenne, pour laquelle Paris, Francfort, Dublin, Luxembourg et Bratislava sont en lice.
Il n'y a pas que la Finance qui est touchée puisque début juillet easyJet annonçait la création d'easyJet Europe à Vienne pour conserver son droit de vol au-dessus de l'espace aérien de l'UE. Du côté des assurances, se seraient Bruxelles et Luxembourg qui raflent la mise. D'autres sociétés vont sûrement suivre au fur et à mesure que les détails du divorce UK/UE tomberont.
Des conséquences aussi pour l'UESelon Euler Hermès, la perte d'investissement étrangers pour le UK seraient évalués à 210 Mds £ sur 4 ans après le Brexit c'est un quart des investissements en provenance de l'UE à perdre. Mais les conséquences du Brexit vont également se répercuter sur l'UE. Les entreprises européennes commerçant avec le Royaume-Uni, ou implantées au Royaume-Uni, seront forcément affectées par le Brexit, quelle qu'en soit l'issue, via la dépréciation de la livre, le ralentissement de l'économie britannique, et la hausse des défaillances d'entreprises attendue au Royaume-Uni dans les années à venir.
Les pays comme le Grand-Duché étant partenaires sentiront également un impact en termes d'export vers le UK. Il sera de 3 % selon un rapport du Statec, (institut de la statistique et des études économiques luxembourgeois).
Des conséquences pour les salariés des entreprises concernéesMême si jusqu'en mars 2019 la libre circulation des citoyens de l'UE vers la Grande-Bretagne a été annoncé par Thérèsa May pour permettre aux entreprises et gouvernements de se préparer, les entreprises vont devoir aider leurs employés dans les démarches de demande de résidence permanente, voire de la citoyenneté. Le problème dans l'aide administrative aux salariés sera le risque de discrimination dans la mesure où l'on aide des citoyens européens et pas les autres (non-européens). Les problèmes administratifs vont concerner à la fois les citoyens européens au UK, mais aussi les Britanniques dans des sociétés internationales dont les sociétés sont basées en Europe.
Tous ces changements nécessitent pour les DRH de communiquer en interne auprès des salariés pour rassurer, mais aussi prendre la température pour programmer leurs futures stratégies RH.
2ème photo source : theculturetrip.com