La bulle ? Quelle bulle ?

Publié le 17 mars 2010 par Marcschillaci

Il y a 10 ans, en mars 2000, c’était, paraît-il, l’éclatement de la bulle internet.

Je dis « paraît-il », car si j'en ai effectivement vu les retombées, à l’époque nous étions en train de lever des fonds. Deux mois après donc l'éclatement de la bulle, en mai 2000, nous levions 3 millions de dollars ! Aux USA, dans l'épicentre de l'éclatement de la bulle.

Bulle il y eut donc, certes, mais pour ceux qui ne buvaient pas de champagne, cela a moins coincé que pour les autres.


Quelles leçons tirer de cette période ?

  • Apprendre à reconnaître qui sont les véritables entrepreneurs : quelques « faiseurs de chantilly » ont fait un carton au détriment de ceux qui ont acheté leurs « boîtes virtuelles » à cette époque (je ne citerai pas de noms, je me ferais trop d’ennemis, mais essayez de retrouver les noms des boîtes des serial entrepreneurs du Web). Les vrais entrepreneurs, ceux qui ont bâti peu à peu, sont ceux qui ont aujourd’hui mon respect.
    A nouveau, jouez à chercher les entreprises créées avant 2000 et qui existent toujours aujourd’hui. Ce sont elles qui ont traversé la bulle. Elles ne sont pas si nombreuses. En France je pense à HiMedia, à Fortuneo, n’hésitez pas à compléter.
  • Ne jamais entrer dans un marché où un flambeur aux poches pleines fait n’importe quoi : je ne suis pas joueur de poker, mais je suis certain que ceux d’entre vous qui jouent ne s’assiéraient pas à une table où un autre joueur avec une énorme pile de jetons fait absolument n’importe quoi.
    Or des cas comme ceux là, il y en a plein : cherchez, par exemple, les levées de premier tour de 2009 supérieures à 7-8M$ en France !
    Bien sûr, il y a des exceptions, mais généralement, pour justifier de telles levées, ces entrepreneurs génèrent des attentes délirantes de la part de leurs investisseurs, qui sont bien logiquement ensuite moins enclins à accepter les petits écarts (sic) par rapport au business plan.
    Aux USA, quand nous avions levé 3M$ (ce qui représentait quand même une énorme somme d’argent il y a 10 ans !), notre confrère BigStep.com avait levé, si ma mémoire est bonne, 80M$ au premier tour.
    Une des plus grosses levées de premier tour de l’histoire. Ils sont passés de 0 à 400 employés en moins d’un an, leur modèle était bien entendu gratuit… et ils sont partis dans le mur les premiers… à la vitesse que 80M$ permettent d’atteindre en quelques mois !
    Autant dire que ceux qui étaient à côté du mur, les confrères, comme nous, ont tout de même gravement senti la secousse ! Donc, effectivement, méfiance sur ces marchés euphoriques.

Alors que faire aujourd'hui pour entreprendre dans le Web ?

Au risque de me répéter : être persévérant. Ce qui n'empêche pas de s’adapter, mais signifie croire en son idée et la développer avec ténacité. En suivant sa feuille de route.
L’avantage de faire les choses quasiment sans moyens, c’est qu’il est quasiment impossible de faire de grosses bêtises. L’avantage de faire les choses avec de gros moyens, c’est qu’on réalise très rapidement de très belles choses. 

Le mieux, c’est de passer par ces deux stades (pas en même temps, bien sûr). Un business qui croît à la fois suffisamment doucement au départ pour apprendre et rester dans le domaine des bêtises acceptables, puis qui grandit suffisamment rapidement pour délivrer aussi bien que possible avec des moyens plus conséquents qui permettent de gagner du temps et de créer de la valeur.

Et pour conclure, cette question que je me pose souvent : pourrions-nous nous épargner ces crises ?

Je n’en suis pas certain. Le Web est encore trop jeune pour avoir subi de nombreuses crises, mais les spécialistes de l’immobilier vous diront que crises et périodes fastes s’alternent pour le plus grand bonheur des plus forts, des mieux structurés.

Ce sera sans doute la même chose pour le Web. Les entreprises qui auront su le mieux se positionner, se financer, gérer leur croissance et leurs évolutions potentielles à la perfection seront sans doute celles qui demain consolideront les plus imprudentes ou les moins efficaces.

Bon courage et tenez bon la barre à tous ceux qui ont une idée et qui y croient !

Marc

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