Un consultant indépendant peut-il se permettre de partager sa méthodologie ?

Publié le 17 mai 2012 par Lemondeapres @LeMondeApres

Pour la plupart des cabinets de conseil, établir des méthodologies permet d’industrialiser leurs missions, mais aussi de rassurer leurs clients sur leur capacité à réussir leurs interventions. Ce faisant, leur souhait dans la promotion de leur méthodologie est, entre autres, de s’affranchir de la variabilité humaine…

« Peu importe le consultant qui interviendra chez vous, c’est la marque et la méthode du cabinet qui seront déployées et qui permettront de résoudre votre problème »

Décliner une méthodologie peut permettre de gagner du temps, mais peut aussi s’avérer dangereux. Plusieurs pièges sont à éviter :

-   Si l’on traite des situations et des contextes différents avec une même approche, on peut passer à côté de sujets importants : c’est une restriction des perspectives ;

-   Adapter une méthodologie faite par d’autres personnes sans maîtriser le domaine d’application pourra produire des résultats non pertinents ou inadaptés.

Ainsi, une méthodologie de conseil n’a pas vocation à être suffisante, ni autoporteuse.

Le consultant est avant tout une ressource « cognitive » pour son client : un être humain, qui a la faculté de s’adapter à un contexte nouveau pour (i) y apporter un œil neuf et extérieur et (ii) transposer ses connaissances et ses expériences passées sur des sujets plus ou moins similaires (iii) pour formuler des préconisations.

Il est primordial pour un consultant, en particulier quand il est indépendant, de « se nourrir » de méthodologies et d’approches diverses pour pouvoir les appliquer dans ses missions. Mais il est au moins tout aussi important pour lui d’avoir la capacité de décliner ces bonnes pratiques dans différents contextes et d’apporter une vision globale à un dysfonctionnement (que le client peut souhaiter aborder de manière locale).

Dans cette perspective, nous pouvons tirer plusieurs conclusions :

1)   Le partage de méthodologie permet à l’ensemble des acteurs, consultants comme clients, d’étendre leur compréhension et leur capacité à résoudre des problèmes

2)   Le consultant qui a confiance en ses capacités pour assimiler et résoudre des problématiques ne peut raisonnablement pas craindre de se voir démuni du fruit de son travail : en effet, personne mieux que lui ne pourra porter et enrichir sa méthode à chacune de ses interventions.

3)   Le plasma collaboratif et les échanges qu’il stimule permettront au consultant d’obtenir des avis constructifs et des apports inattendus, pour fusionner, enrichir ou étoffer sa méthodologie

Le cloisonnement des idées est une valeur du passé, qui n’a jamais vraiment protégé leurs détenteurs. Adoptons résolument une démarche de partage, dans laquelle chacun pourra échanger, c’est-à-dire donner et recevoir. Les méthodologies de demain seront alors plus riches et plus globales. Mais surtout, les hommes qui porteront ces méthodes sauront, mieux qu’aujourd’hui, comment les appliquer.