Emploi & pauvreté en France : le nouveau rapport du Secours Catholique

Publié le 13 novembre 2013 par Mamzelleb @mamzelleb

En partenariat avec la Fondation Crédit coopératif, le Secours Catholique publie son rapport statistique annuel 2012.

Cette année, le rapport met en exergue les difficultés d’accès au marché du travail pour les plus pauvres.

Des chiffres accablants derrière lesquels se cachent des situations personnelles, familiales tragiques et touchantes, des combats quotidiens pour vivre ou plutôt survivre, l’emploi salarié n’étant plus un abri contre la précarité.

"Emploi : quelle place pour les plus pauvres ?"

Depuis son dernier rapport de 2003 « France précaire » sur la thématique de l’emploi, le Secours Catholique constate que l’emploi est de moins en moins accessible aux personnes accueillies par l’association.

En 2012, si 56 % des personnes accueillies par le Secours Catholique sont actives, moins de 20 % sont en emploi. La proportion des personnes en emploi est à la baisse depuis 2008 et retrouve le niveau de 2003, soit moins de 19 %.

Une précarisation de plus en plus forte

De 2003 à 2012, les CDI baissent de 4,9% à 4,8%, le temps partiel augmente de 3,9% à 5,3% notamment le temps partiel subi pour les femmes seules avec enfant(s), les CDD restent stables à 1,5%, la formation professionnelle baisse de 1,5% à 1,3% et les emplois aidés sont moins accessibles passant de 2,2% à 0,7%.

Le chômage indemnisé ou en attente baisse de 14,4% à 11,7%.

La part de chômage progresse de 2,1 points entre 2008 et 2012 pour atteindre 37,5 %. Elle s’élevait à 36 % en 2003. Outre cette progression, c’est la répartition du type de chômage qui a changé : on trouve une proportion moins forte de chômeurs indemnisés en 2012 qu’en 2003. Le chômage sans droits reconnus, c’est-à-dire non indemnisé, passe de 21,6% à 25,8%, représentant un quart des personnes accueillies par le Secours Catholique.

Cela confirme que les chômeurs non indemnisés sont proportionnellement plus nombreux, au sein des actifs, à être éloignés de l’emploi. Cette proportion croît depuis 2003 (21,6 % en 2003, 22,7 % en 2008, 25,8 % en 2012) et touche toutes les tranches d’âge.

Selon le Secours catholique, le niveau de vie pour une personne en emploi est de 682 euros, pour un chômeur indemnisé 616 euros, pour un chômeur non indemnisé, il est de 472 euros et pour une personne inactive, 467 euros.

"Le taux de chômage des personnes accueillies est sept fois plus élevé que celui de la population France entière"

Pour les hommes et les femmes actifs accueillis par le Secours Catholique, le taux de chômage a augmenté depuis 2008 (65 %) pour atteindre 67,9%.

Pour les étrangers accueillis, le taux de chômage est relativement stable (+ 0,2 point par rapport à 2008), mais déjà fort élevé depuis des années, il est de 68,6 % en 2012.

Le taux de chômage des personnes accueillies par le Secours Catholique est très élevé et traduit des situations où le retour à l’emploi est complexe, il varie moins vite que le taux de chômage France entière.

Le taux de chômage des personnes accueillies est de 51 % en Île-de-France et atteint 80 % dans le Nord-Pas-de-Calais. Il varie entre 8,6 % dans les Pays de la Loire et 13,8 % dans le Languedoc-Roussillon pour la population France entière. En Île-de-France, il est de 8,6 % et de 13,4 % dans le Nord-Pas-de-Calais. Les taux inférieurs et supérieurs, France entière et Secours Catholique sont en concordance.

Dans les deux cas, la Haute-Normandie, le Nord-Pas-de-Calais, la Lorraine et la Champagne-Ardenne font face à un taux de chômage élevé. Ces régions souffrent des difficultés économiques rencontrées par leurs bassins d’emplois industriels.

Un taux d’activité en recul chez les hommes et en progression chez les femmes

En 2012, la proportion de femmes en emploi est plus forte que celle des hommes (19,5 % contre 15,8 %).

La part des chômeurs sans droits reconnus augmente de plusieurs points entre 2003 et 2012, pour les hommes (+ 4,1 points) et plus fortement encore pour les femmes (+ 5,4 points).

Un taux d’activité plus faible chez les étrangers et variant selon l’origine

Au sein des ménages étrangers rencontrés par le Secours Catholique, l’inactivité est majoritairement synonyme de non droit au travail. Elle prend une part plus ou moins importante selon l’origine des personnes accueillies.

En 2012, 58 % des ressortissants de l’Union européenne rencontrés par le Secours Catholique sont inactifs.

La part d’hommes étrangers inactifs a augmenté depuis 2008. Elle atteint un niveau de 62,6 % soit 1,4 fois plus que les hommes accueillis dans leur ensemble.

En 2008, les hommes étrangers disposaient d’un titre de séjour à 47 %, ils ne sont plus que 40 % en 2012. La baisse de la part des actifs et l’augmentation de celle des inactifs peuvent s’expliquer par l’augmentation des déboutés et sans papiers (9,6 % en 2008 contre 14 % en 2012).

Le niveau d’inactivité des hommes étrangers dépasse celui des femmes étrangères en 2012 alors que ce n’était pas le cas en 2008.

Comme pour les femmes rencontrées dans leur ensemble, la part de femmes étrangères au chômage sans droits reconnus a augmenté et elles sont plus souvent en emploi que les hommes étrangers.

Pour les deux sexes, c’est la part de chômeurs sans droits reconnus qui est la plus proche de l’ensemble de la population accueillie. Les étrangers rencontrés ont moins accès à l’emploi et donc au chômage indemnisé.

La pauvreté des enfants : conséquence du sous-emploi chez les couples

Au-delà des conséquences immédiates du sous-emploi sur la pauvreté des enfants au sein de familles monoparentales, l’effet s’observe également avec force au sein des couples selon leur situation combinée face à l’emploi.

Deux tiers des couples rencontrés sont sans emploi. Leur part augmente entre 2011 et 2012, passant de 24 % à 27,3 % de l’ensemble des couples.

Dans la population France métropolitaine le taux de pauvreté des enfants est inférieur à 5 % quand ils vivent au sein de familles où les deux adultes ont un emploi. Le risque de pauvreté est près de 14 fois plus élevé (68,9 %) quand aucun des deux adultes n’a d’emploi, ce qui correspond à la grande majorité des situations de couples accueillis par le Secours Catholique.

Le Secours Catholique déplore l’installation des ces situations face à l’emploi dans le temps des personnes accueillies, qu’elles soient en CDI (32%) ou en CDD (43%). Entre 2003 et 2012, les personnes dans ces situations de pauvreté depuis 2 ans et plus ont augmenté de 34% à 41%.

Pour aller plus loin :