Marque employeur : c'est le printemps, les classements fleurissent...

Publié le 24 mars 2014 par Thierry Delorme @Thierry_Delorme

© elPadawan sur flickr

Tout se classe : les hôpitaux, les écoles, les villes, les médias sociaux… il n’y avait aucune raison que les employeurs échappent à ce sport national. Et ces classements ont aussi des aspects positifs. Pour faire face à la guerre des talents, il faut fourbir ses armes et se parer de ses plus beaux atours. Une jolie place en fait partie...

Des classements objectifs

Un classement objectif ? Mais oui, je vous assure. C’est le palmarès des entreprises qui recrutent (vraiment). Là, pas question de notoriété, de e-réputation ou de taille : il suffit de remplir le questionnaire adressé et de répondre à une question simple : «Combien de recrutements réaliserez-vous en 2013 en France, et quelles sont vos prévisions pour 2014 ?».

Encore un classement réservé un grandes entreprises ? Pas du tout ! Pour y figurer, rien de plus simple : remplir et renvoyer le questionnaire (le demander le cas échéant). Et comme vous pourrez le constater, n’envisager qu’un seul et unique recrutement de collaborateur en 2014 suffisait pour figurer au classement ! Fin 2013, seules 125 entreprises se sont prêtées à l’exercice pour l’année en cours. Une visibilité à peu de recrutement et peu de frais, non ? Allez, affutez vos questionnaires pour 2015 !

Peut-être pourrons nous découvrir qu'il existe aussi des recrutements hors restauration (plus ou moins rapide) et ingénierie.

Notoriété et image, des alliés de poids

Qui dit classement objectif ouvre la porte aux classements subjectifs ? Et ils sont nombreux aussi : le classement des employeurs qu’ils sont sympas et jolis, le classement des employeurs qu’on aimerait bien y travailler dedans, le classement des employeurs trop, mais alors trop 2.0, le classement des employeurs trop supers pour faire un stage mais que un stage…

Là, on ne demande pas (forcément) l’avis des employeurs mais plutôt celui des candidats, futurs candidats ou des collaborateurs. Incontestablement, dans ces classements, la notoriété prime (dans la mesure où il est peu probable que les interviewés connaissent objectivement plus de 2 ou 3 entreprises sur lesquelles ils se prononcent…). Chaque année, peu de surprises sur les podiums : les garçons ingénieurs aiment les avions et les filles commerciales préfèrent les sacs à main. Vous avez dit stéréotypes ? Regardez ces classements pour vous faire votre propre idée…

Parfois, ces classements sont construits à partir de l’expérience utilisateur ... euh... l’expérience candidat, pardon. N’allez pas croire que des candidats mystères deviennent collaborateurs pendant quelques mois pour ensuite rendre un rapport façon enquêteurs de guides gastronomiques. Non. (Quoique c’est une idée). Ce qui est analysé, c’est la façon dont l’entreprise se présente à eux, le parcours candidat, la promesse employeur… Chacun sa méthodologie et chacun ses critères. Y figurer en bonne place fait toujours plaisir. Un mauvais classement invitera à réfléchir et à agir.

Certains (surtout les mal classés) pourraient être tentés de ronchonner que la méthodo gnagnagna et que les résultats blablabla. Pour ceux-là, il existe une solution simple : demander expressément à ne pas figurer dans le classement. D'un autre côté, ces classements contribuent malgré tout à conférer de la visibilité et de la notoriété et se sont installés dans le paysage, parfois morne,  de la marque employeur qu’ils viennent égayer chaque année. Un peu comme le « spécial  francs- maçons » du Point  ou « le palmarès des villes trop bien » de l’Express. Comme auraient  pu le dire certains candidats aux municipales au sujet de leur commune : « les classements, soit tu les aimes, soit tu les quittes ! »

Allez, un conseil gratuit. Imaginez un employeur qui déciderait de consacrer 100 % de ses efforts de communication et de visibilité lors du « terrain » de ces études. Le terrain, dans la terminologie des études, c’est la période pendant laquelle l’enquête ou l’étude est réalisée (sur le terrain, donc). A la question : quel est votre employeur préféré ? La réponse d'un jeune diplômé peut être légèrement influencée par l’immense affiche présentant les carrières chez XXXXX qui trône un peu partout sur le campus, non ? Avouez que j'ai de l'imagination...

Les labels à la rescousse

Quand on n’a pas la chance, l’envie ou la possibilité de figurer dans ces classements, un plan B s’offre aux employeurs : la labellisation ! Plus compliqué, plus de process, plus de temps et plus d’argent mais bon.

D’un côté, il y a les chartes à signer : charte de la diversité, entreprise handi-accueillante, égalité professionnelle, charte d’engagement LGBT (lesbiens, gays, bisexuels et transgenres)… Toutes ne sont pas (seulement) des obligations légales et peuvent faire l’objet d’une démarche volontariste de l’employeur. Après la traditionnelle photo un stylo à la main (la signature électronique n’étant pas encore validée), l’employeur signataire pourra agrémenter ses communications de tout un tas de jolis petits logos (en veillant toutefois à laisser un peu de place pour son propre logo ainsi qu’un peu de place pour les logos de ses présences sur les médias sociaux. Bref, plein de logos. Il va rester peu de place pour dire un truc).

Et de l’autre côté, il y a les labels (déjà évoqués ici, il y a 2 ans déjà...) comme « Endroit Idéal pour Travailler» et « Employeur au Sommet » (merci aux logiciels de traduction mais définitivement, n’en déplaise au Made in France, l’anglais reste plus crédible). Là encore, il y a les pro et les anti. Mais ce qui les distingue, c'est que l'employeur se porte volontairement candidat à l'audit de labellisation. L'élégance veut que la liste des refusés ne soit pas publiée... 

Au sein de toutes ces chartes et labels, on me pose parfois la question de quelle voie choisir. Ce à quoi je réponds souvent : « ça dépend, vous préférez quel logo ?  ». Comme je le disais il y a quelques jours, chacun son métier...

  Suivre @Thierry_Delorme