Les Enjeux de la Transformation et de la Création de Valeur en Entreprise

Publié le 15 avril 2014 par Annepestel @AnnePestel

Vendredi dernier, j’ai eu le plaisir de participer au Forum du Printemps ICF France sur le thème du « Dialogue entre les entreprises et les professionnels de l’accompagnement autour de la transformation et la création de valeur ». Un programme chargé et rafraîchissant que j’aimerais partager avec vous :).

Rappel sur l’ICF : International Coach Federation (ICF) joue un rôle international de premier plan. Crée en 1995, et présente dans plus de 100 pays, la fédération compte désormais près de 20 000 adhérents. ICF France s’adresse à tous les coaches qui désirent s’engager de manière active dans la professionnalisation et la reconnaissance du métier de coach, en participant aux événements nationaux / internationaux, en contribuant aux travaux menés au sein des antennes, comités ou commissions, et en prenant des responsabilités au sein de ces groupes ou au niveau du conseil d’administration. (Pour en savoir plus)

La redéfinition du travail et de la valeur de chacun

Pierre-Michel Menger, Sociologue et Professeur au Collège de France, est intervenu pour nous décrire son modèle de « travail créateur ». Dès lors de la création de valeur, il est question d’incertitude – à la fois externe (le non contrôle de notre environnement et des éléments qui nous entourent) et interne (par rapport à nous-même). Mais ce « déséquilibre » peut s’avérer un réel stimulant et peut nous éviter de tomber dans une routine certaine. En fin de compte, le but du jeu est de domestiquer ce risque. Il s’agit d’explorer et d’exploiter les deux sphères de notre environnement afin d’innover.

L’invention et l’innovation s’avèrent donc couplées à l’incertitude, mais permettent une possible évolution – bien que, l’évolution peut-elle être considérée comme un réel changement ? Je vous le demande ;-)

On découvre 4 phases lors de la création de valeur :

1. L’accumulation des connaissances
2. La phase de ruminement
3. L’incubation infraconsciente (le moment de découverte)
4. La sélection des bonnes idées

Cette création de valeur inclut donc une phase de mystère, Pierre-Michel nous recommande fortement de rester curieux dans notre routine. Il s’agit d’opter pour une dynamique d’apprentissage permanent, et concevoir l’échange comme l’écologie sociale du travail.

Des échanges qui se trouvent être une richesse partagée inévitable pour le changement…

Cependant, quand on parle de création de valeur, il est nécessaire de s’intéresser à la valeur de l’individu au travail. De même, la définition du terme « Talent » a fait son retour sur la scène. Qualité différentielle, elle évoque une incertitude par rapport à soi-même et une possible découverte de potentialité propre à chaque individu. Autrement dit, une alchimie de qualité dont on ne connait pas l’équation.

La transformation des entreprises en quête perpétuelle de valeur

A l’heure actuelle, le changement est rentré dans les mœurs et est devenu un élément constant dans notre Société. Cependant, la « mutation » est loin d’être chose facile au sein des entreprises, d’autant plus que chacun d’entre nous la vit et l’acquiesce de manière différente. Une nouvelle tournure qui prend davantage l’individu en compte selon nos experts présents.

Mais la transformation peut s’avérer un élément faisant suite à un évènement peu positif, tel que des actions de licenciement, qui demande un véritable travail de refonte. Accompagner les équipes en interne, redonner du sens à l’organisation, etc. tous ces challenges qui offrent la possibilité de réinventer la fonction RH afin de créer de la valeur – comme nous l’énonce Marie-Agnès Debar, DRH chez Danone.

Pour Yannick Pelletier, DRH de DB Schenker Joyau, le rôle des RH, mais également de la Direction est de répondre d’une inéquation, de jongler entre diverses variables telles que l’humain, le temps ou bien encore la communication.

Accompagner la transformation

La première chose est très simple et basique : définir qu’est-ce qu’est la création de valeur, la seconde chose est d’avoir la foi. Il faut croire en soi-même, avoir confiance en soi, ainsi qu’en les autres – comme nous le suggère Marie-Agnès. Il est question de redonner du sens à chacun, surtout en période de crise comme la nôtre (toutes générations confondues). Pour Florence Guémy, DRH chez Bayard, il faut faire preuve d’une certaine flexibilité, et accepter de changer un minimum. En tenant compte que l’être humain n’est point prévisible – en d’autres termes, chaque individu change plus ou moins de comportement en période instable.

L’important est de capitaliser sur les individus afin de créer de la valeur. Elisabeth Augendre Capmarty, DRH Europe Marchés Emergents chez Janssen (Groupe Johnson & Johnson) suggère d’accompagner le collaborateur à se positionner au sein de l’entreprise afin d’optimiser ses compétences. Prôner l’individu, son évolution, lui donner goût  et l’investir au sein d’un projet collectif. Pour Marie-Agnès, il est nécessaire de passer du statut « victime du changement » au statut de « acteur du changement ».

Mais comme nous l’avons vu précédemment, la création de valeur passe par l’incertitude. Qui dit incertitude, dit prise de risque – un risque de destruction de valeur plausible et de volatilité des Talents comme nous l’a expliqué Mickael Hoffman-Hervé, Directeur Général Délégué en charge des  Ressources Humaines chez Randstad France …

De même, le ROI de la transformation demeure assez flou.

Regard philosophique sur le changement

L’intérêt de la philosophie pour le monde du travail semble bien loin des travaux habituels sur ce blog – mais demeure un angle de vue intéressant à considérer. En tant qu’opérationnel, nous nous devons de philosopher, ne serait-ce que pour 2 raisons (entre autres) : élargir notre culture générale, mieux comprendre notre métier et sa pratique.

Selon, François Delivré, Conférencier et Chercheur de sagesse, on peut distinguer 4 « i » en termes de condition humaine :

1. L’irréversibilité : Le temps s’écoule quoi que l’on puisse faire, et le retour en arrière est tout simplement impossible. Cet aspect nous permet de nous définir nous-même, notre identité, sous forme d’histoire…

2. L’inéluctabilité : Des évènements temporels que nous ne pouvons fuir, tels que la mort. Ce deuxième état nous incite à prévoir les choses, et à lâcher prise face à l’angoisse du futur – ce qui me paraît un tant soit peu fataliste…

3. L’imprévisibilité : Des évènements temporels non prévisibles, tels qu’un accident. Cet aspect nous amène à relativiser, à accepter le « non prévu ».

4. L’impossibilité de tout faire : Notre temps est limité en permanence. Ce qui nous invite à aller à l’essentiel – et je rajouterais, à profiter du moment présent.

Il s’agit donc à nouveau de la nature de l’individu et de sa capacité à s’adapter afin de « survivre ». S’adapter au changement, n’est autre que l’essence du temps selon Aristote, comme nous le rappelle François en dernier lieu…

Suite de la journée – A la suite de cette intervention aux aspects philosophiques, Patrick Levy-Waitz, Président de la Fondation ITG et Pierre Van Den Broek, Past-President de la Fédération Nationale du Management de Transition furent amenés à échanger au sujet des différentes formes de travail. Puis ce fut l’heure du Café des idées, ayant pour but de répondre sous forme de jeu à des problématiques liées aux nouvelles formes d’accompagnement. Cependant, comme je vous le disais en introduction, la journée fut riche d’interventions et je ne puis revenir sur l’ensemble des échanges – il me faudrait davantage écrire un livre plutôt qu’un article à ce moment-là… ;-)

Pour en savoir plus sur les intervenants.

Conclusion – Cette journée fut riche en réflexions, bien loin des conférences plus « terre à terre » auxquelles j’ai pu assister. De même, le point de vue des coaches offre de nouvelles idées se corrélant à l’état d’esprit des opérationnels RH pures, ou davantage tourné vers la communication. Si je devais répondre à la dernière question énoncée : « Quel est l’élément que vous mettriez en avant aujourd’hui suite à nos échanges ? », je dirais que nous devons être acteur de notre changement, et qu’en fin de compte il s’agit de tenter d’expliquer davantage l’inertie que le changement en lui-même…

Un grand merci à l’agence 231 E 47 pour m’avoir convié à cet évènement :)

Auteur : Anne Pestel
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