[Révolution RH - 4/4] : le retour de la revanche des robots

Publié le 14 septembre 2015 par Thierry Delorme @Thierry_Delorme

Avec l'aimable complicité de Warner et Colombia... ou pas.

Suite et fin tardive de notre saga estivale sur les révolutions RH, quelques jours après la rentrée... Car ce qui devait arriver arriva ! Las et usé par tant de révolutions qui agitaient incessamment leur quotidien, les RH, dont les effectifs ne pouvaient s'accroître, solidarité de crise oblige, cherchèrent une alternative pour faire face aux nouveaux défis qui s'offraient à eux. S'adjoindre les services d'experts externes ? Pas nécessaire. La DRH regorgeait déjà de stagiaires. Digitaliser encore plus avant la DRH ? C'était en cours depuis 2 ans déjà. C'était même la mission principale des nouveaux alternants chargés de poursuivre la mission de leurs prédécesseurs qui avaient enfin obtenu une connexion internet... Après tout, c'était eux les digital natives !

C'est alors que la lumière jaillit à l'occasion d'une des nombreuses réunions du Lab... Lors de la première réunion, en fait. Le Lab ? C'était des réunions dans un lieu propice à l'éclosion et à la catalyse de la créativité et de l'innovation RH. Et concrètement, c'était le nouveau nom de la réu. " débriefing du week-end entre collègues " qui se tenait chaque lundi matin de 9:00 à 9:10 à la cafét. du service com', parce que là-bas, y 'avait des " fat boy ", et que les " fat boy ", c'était bon pour la créativité et l'innovation RH...

La lumière, donc, jaillit au moment où l'un des participants s'offusqua : " Putaing (il était originaire du sud de la France, et parfois malpoli...), je travaille tellement, qu'à la fin de la journée je ressemble à un robot ! ..." Le voilà le soutien efficace dont, en plus, l'objectivité ne pourrait nullement être remise en cause : l'intelligence artificielle et les progrès de la robotique constituaient, à l'évidence, une piste de travail des plus sérieuses.

Robotisation, emploi et RH : risques et opportunités

C'est sous ce titre plutôt vendeur (ah bon ?...) que se cachait une pépite : le rapport de stage (cf. plus haut..), noté 18/20 mais trop vite archivé, de la dernière équipe de stagiaires. Son exhumation s'avérait nécessaire au regard des nouveaux objectifs et enjeux du service. Sa lecture relecture attentive permit ainsi de mettre en lumière de nombreuses inquiétudes légitimes mais aussi quelques réels motifs de satisfaction. La première partie était consacrée aux services RH, véritables précurseurs de la robotisation alors que la seconde partie, plus alarmiste, faisait état des conséquences potentielles d'une robotisation accrue sur l'état du marché de l'emploi en général et sur l'emploi des RH en particulier...

Dans sa première partie, le rapport citait longuement de nombreux articles de presse sur l'omniprésence de la robotisation dans le recrutement. Après, il ne faudra pas s'étonner si la presse va mal... On y apprenait avec stupeur que la fonction recrutement avait fortement recours aux robots afin de l'assister dans la sélection des candidats par exemple : des robots performants aux algorithmes implacables permettaient déjà de déceler la plus petite et plus enfouie des compétences, ce qui constituait une aide indispensable. Ces robots ? Les ATS ou Systèmes de Suivi de Candidats, en français !

NDLR : il est clair et avéré que le journaliste et moi ne fréquentons ni les mêmes recruteurs, ni les mêmes ATS. Il est toutefois à noter qu'aucun recruteur n'était interrogé dans ces articles...De plus, si j'étais un robot recruteur, je le dirai ! Et plutôt qu'ATS, je me choisirais un nom évocateur et un peu digital du type Ultimate recruitor ou DM WYR' (prononcez déhèmeouailleurs pour Don't Mess With Your Resume)

Les robots, c'est sympa... ©pixabay

Les robots à l'assaut de l'emploi ?

La seconde et dernière partie, destinée à retenir l'attention du lecteur, donc, était plus inquiétante. Et de citer abondamment une nouvelle fois un très sérieux cabinet de stratégie qui estimait à 3 millions le nombre d'emplois menacés par la robotisation, comptage dont ils s'excluaient bien évidemment. Quant à une prestigieuse université britannique, deux de ses brillants chercheurs avaient listé les métiers voués à être remplacés . Le robot constitue en effet une alternative intéressante dès lors que l'on parle de métiers dangereux (recruteurs ?), pénibles (responsable de la formation ?), répétitifs (gestionnaire de paie ?) ou impossibles pour les humains (DRH ?) ou dès que ce sont des missions simples réalisées plus efficacement par une machine.

Ces 2 chercheurs excluaient toutefois des filières métiers pour lesquelles la robotisation n'était pas une menace parmi lesquelles les métiers de la santé et les métiers des ressources humaines ! Il me semble au contraire que ces 2 filières-métiers constituent le cœur de cible des robots de demain avec de l'intelligence artificielle dedans.

Pour les métiers de la santé, les robots et assistances électroniques sont déjà largement présents au sein des blocs opératoires. De plus en plus ? ... Quant aux métiers des RH, j'avais déjà commenté une étude sur ce blog, étude commandité non pas par quelque éditeur de solution plus ou moins intelligente, mais bien par des RH eux-mêmes. Cette étude (Inergie - Liaisons Sociales - ANDRH) proposait de classer les fonctions RH en 3 grandes familles : automatique, organique et médiatique. Il me semble qu'il n'est nul besoin d'être chercheur dans une grande université pour pronostiquer l'automatisation et la robotisation des tâches d'un RH... automatique ; voire même organique. Seul le stratège médiatique survivra !

Littérature et cinéma se sont depuis bien longtemps emparés du futur possible de la robotisation : depuis Karel Capek, écrivain tchèque du début du XXème siècle qui popularise la dénomination de " robot " dans sa pièce Rossumovi Univerzální Roboti, Asimov dans les années 40 (mille-neuf-cents, les années...) et ses nouvelles I, Robot en passant par le cinéma US et ses nombreuses adaptations de Philip K. Dick jusqu'au prochain opus de la Guerre des Etoiles et ses stars R2D2 et C3PO... Tous nous projettent dans un monde soit effrayant, soit merveilleux dans lequel l'homme et la machine s'opposent ou se complètent. Qu'en sera-t-il réellement de la robotisation des RH ? Un robot pourrait peut-être nous le dire avec plus de certitude qu'un blogueur...