Emploi 2015 : des Up et des Down …

Publié le 23 décembre 2015 par Thierry Delorme @Thierry_Delorme

Montagnes russes via ©Shutterstock - www.shutterstock.com/fr/

Bon. Si on résume le marché de l'emploi en 2015... Il y ceux qui avaient un job et qui rêvaient d'en changer. Il y a ceux qui auraient bien aimé en avoir un. Et il y a ceux qui n'ont pas cherché (pas envie ou pas besoin) et qui ont créé leur propre emploi consacrant (médiatiquement au moins) l'entrepreneuriat et les start-up au rang de nouveau modèle économique de référence ! Mais revenons plus en détail sur chacun d'entre eux.

Salariés et mobilité : up & down

Up, c'est l'emploi salarié qui a légèrement progressé en France sur 1 an (+0,3 % dans les secteurs marchands et sans doute aussi un peu dans les secteurs non marchands) pour un total de 26 à 27 millions de salariés, tous secteurs confondus. Down, c'est la mobilité. Il existe en effet un " léger " décalage entre aspirations et réalité.

Prenons les cadres par exemple (et ça tombe bien, ce sont les seules infos que j'ai trouvé...). Le panorama 2015 des mobilités de l'Apec nous montre que près de 2/3 d'entre eux ( % pour être précis) aimeraient bouger en interne, en externe, voire même en créant une activité. Cà ce sont les aspirations (qui détonnent au regard des discours sur l'engagement retrouvé, le collaborateur ambassadeur... qui sont des aspirations d'employeur, et non de salariés). La réalité est beaucoup moins mobile : ils ne furent que 10 % à bénéficier d'une mobilité interne et 7 % à changer d'entreprise en 2014 (vu qu'en 2015, on analyse des datas de l'année dernière). 66,6

Cet immobilisme semble confirmé par un récent sondage de novembre 2015 de Vivastreet (Nouvel eldorado, i.e. contrée mythique -et non meetic- de l'emploi) qui nous apprend que près de 60 % des salariés français n'envisagent aucunement un changement de job en 2016. Il faut dire que la situation du marché de l'emploi a de quoi rafraîchir les ardeurs... Vivement la réforme annoncée du code du travail ! Que dis-je la réforme, la refondation ! Cà, c'est l'aspiration...etc...

Chômage et recherche d'emploi : Up & Up

Inutile d'ironiser encore sur la façon de présenter les choses, rien n'y fait. En 2015, le chômage de masse s'est installé durablement et les records se sont accumulés : valeur absolue, taux de chômage... Le nombre de chercheurs d'emploi est au plus haut et risque de grimper encore dans les derniers mois pour franchir la barre des 3,6 millions pour ne parler que de la catégorie A. C'est un fait..

Ironisons un peu toutefois . Cette année a aussi connu une effervescence côté nouveaux services qui révolutionnent l'emploi et le recrutement : les créations se sont multipliées , les fonds ont été levés, le recrutement a innové, les RH ont growth hacké, le big data a débarqué, même Pôle emploi s'est réinventé avec l'Emploi Store ! Toutes les conditions semblaient réunies ♥♥ ...pour l'année prochaine apparemment ♠♠♠. #CroisonsLesDoigts

Création de son propre emploi : Start me Up ?

Start Up via ©Shutterstock - www.shutterstock.com/fr/

Difficile de passer à côté du phénomène start-up en 2015. On se serait cru revenu au temps des Dotcom. L'alternative face aux difficultés de mobilité et d'insertion sur le marché de l'emploi ? La volonté de changer le monde et de le digitaliser ? L'entrepreneuriat comme valeur montante de la nouvelle génération ? Sans doute un peu des 3 et aussi beaucoup de communication. Car dans les chiffres, le " phénomène " reste à relativiser

Le chiffre popularisé par l'étude universum 2015 claquait : 1 jeune diplômé sur 10 rêve de start-up ! (la lecture façon verre à moitié vide devient alors que 9 sur 10 se " satisfont " des grands groupes à forte notoriété avec plein d'avantages sociaux dedans ;).

En France, on a la FrenchTech (et on a aussi le Slip Français, je vous disais qu'il fallait relativiser...) et des chiffres un peu différents à regarder de plus près. Nos french jeunes diplômés ne sont plus que 4 % à souhaiter se lancer dans la création d'entreprise (start-up au sens étymologique) et 5,3 % à vouloir travailler dans une start-up (ce qui est fortement motivé par l'aspect nouvelles technos de ces emplois ou par l'iconographie associée à l'ambiance de travail en start-up : des couleurs vives, des poufs dans lesquels joyeusement s'avachir, des sourires naturels et du bien-être en veux-tu en voilà. Un vrai catalogue Conran Shop ! Avec un contrat de travail de droit irlandais qui va avec...). Bref, la start-up attire, boostée par les réussites incontestables de quelques-unes et inquiète aussi un peu, challengée par la disparition rapide de nombreuses autres...

Reste que l'entrepreneuriat comme nouvelle motivation est une bonne chose pour retrouver de l'élan. Elan plutôt constaté chez les jeunes actifs après 4 à 9 ans d'expérience au sein de... grands groupes C'est agaçant cette manie d'annoncer des chiffres en gros et de relativiser en petit.

Voilà donc résumée cette année. Rien de bien enthousiasmant en fait sur le front de l'emploi même si une lueur semble venir de l'économie numérique et collaborative. Lueur très vite ternie toutefois car ces nouveau modèles qui, s'ils créent " beaucoup de capital numérique, créent finalement assez peu d'emplois " (in l'Express) tout en s'arrangeant quelque peu avec des législations à la traîne. La refondation du code du travail, encore ? D'autres lueurs nous attendent dans quelques jours. celles des fêtes de fin d'année que je vous souhaite éclatantes !