Comprendre la Théorie des Coûts de Transaction – de Coase à Williamnson

La théorie des coûts de transaction à cela d’intéressant qu’elle se situe juste à la frontière entre les Sciences Economiques et les Sciences de Gestion. La Théorie des Organisations dont elle est issue réalise en effet une passerelle entre les deux disciplines.
C’est Ronald Coase qui en 1937, parle pour la première fois des coûts de transaction. Sa théorie est alors particulièrement novatrice car il remet en question l’économie traditionnelle en s’intéressant à l’entreprise, non plus uniquement en tant que fonction de production, mais en tant qu’entité autonome et systémique (au sens de Bertalanffy). Coase a enfin ouvert la « boîte noire » pour essayer de répondre aux questions : pourquoi l’entreprise ? le marché n’est-il pas suffisant ? Sa réponse est alors simple : l’entreprise permet, sous certaine condition, de réduire les coûts inhérents au marché, les fameux coûts de transaction !
Dans les années 1970, Williamson reprend les travaux de Coase et va plus loin en s’appuyant sur la thèse défendue par Simon selon laquelle les individus auraient une rationalité limitée (bounded rationality). D’une part, ils seraient donc confrontés à une asymétrie d’information les empêchant de prendre des décisions parfaitement rationnelles et d’autre part, même en présence d’une information parfaite, leur limite en matière de traitement de cette information pèserait sur l’optimalité de leurs décisions. Aussi feraient-ils face, sur le marché, à des comportements opportunistes de la part de leurs partenaires : chacun utilisant le peu d’information qu’il a en plus pour maximiser sa satisfaction au détriment des autres. Ajoutons à cela le caractère spécifique de certains actifs échangés et la fréquence des transactions et on comprend que plutôt que de passer par un marché incertain, certains préfèrent parfois passer par l’entreprise.
Ainsi, le choix entre faire faire (le marché), faire soi-même (l’entreprise) ou faire avec (alliance stratégique) dépendrait d’un arbitrage entre les coûts inhérents à chaque forme d’organisation.
Pour évaluer ces coûts on s’intéresse à :
- La spécificité des actifs : si j’ai besoin d’énormément d’énergie pour alimenter mon usine, il peut être intéressant pour moi d’avoir ma propre centrale !
- L’incertitude : l’opportunisme des agents partenaires a un coût qu’il est possible de réduire en s’alliant avec eux ou en les rachetant.
- La fréquence des transactions : plus deux entreprises échangent régulièrement, plus elles peuvent avoir intérêt à se rapprocher (alliance, fusion, acquisition).
La Théorie des Coûts de Transaction permet d’expliquer tous les phénomènes d’externalisation, d’intégration et de partenariats. Et également de comprendre pourquoi le monde n’est pas le terrain de jeu d’une seule et immense entreprise (n’en déplaise à René-Victor Pilhes et son Imprécateur)…