Un exemple de parcours non linéaire...

Mon parcours universitaire et professionnel...

"Ne plus penser sa vie en terme de trajectoire linéaire" [Jean-Pierre Boutinet]

"Beaucoup rêvent de succès. A mon sens, le succès ne peut être atteint qu'après une succession d'échecs et d'introspections. En fait, le succès représente 1% de votre travail qui comporte lui, 99% de ce qu'on peut appeler échec"   [Soichiro Honda]

Un exemple de parcours non linéaire...

Maths Sup - Saint-Maur des Fossés

Le BAC en poche, me voilà engagé par hasard (non, en fait sur les directives d'un conseiller d'orientation) sur la fameuse "voie royale"... En fait de voie royale, je découvre une chaussée à sens unique (le concours d'entrée aux écoles d'ingénieurs) qui du coup n'avait aucun sens (autre que celui d'accéder à un titre, à un statut, à un salaire, et non à un métier). Du coup, me voilà rapidement dernier en Maths... et premier en Français !

Deug "SSM" - Paris XII Créteil

Le recyclage est difficile, l'université Paris XII m'accueille dans un Deug saucissonné en disciplines encore insensées. Du coup, je décroche ce diplôme sans trop savoir à quoi il correspond, ni à quoi il sert, si ce n'est à entrer en Licence.

Licence de Maths - Paris VII Jussieu

Suite logique... je me retrouve dans l'anti-chambre des futurs professeurs de Mathématiques des Collèges et Lycées, à Paris VII - Jussieu. Pourtant, aucune trace de pédagogie, ni dans la pratique ni dans les discours. Me voilà, encore une fois, entouré de personnes omnibulées par leur discipline et ne visant en fait qu'un objectif : le statut d'enseignant dans la fonction publique... J'entendais "vacances", "sécurité de l'emploi" là où j'attendais déjà une vision plus humaniste de mon futur métier.  Je pense que j'ai réalisé à cette époque l'absurdité de la spécialisation à outrance des professeurs dans leur discipline. Je ne pouvais plus me projeter faisant des maths toute ma carrière, et décidai que le métier de professeur des écoles me conviendrait mieux. Il allait falloir avant cela qu'on me parle enfin des jeunes, à travers une nouvelle formation.

Licence de Sciences de l'Education - Paris XII Créteil

Mes collègues "matheux" ont bien ri quand je leur ai fait part de mon intention de m'inscrire en "Sciences de l'éduc". La licence "fastoche". Quel soulagement pourtant, je pouvais enfin redonner du sens à ce que j'apprenais. Grands courants pédagogiques, histoire de l'éducation, psychologie et développement de l'enfant, sociologie... Ce fut une révélation, et un vrai plaisir. J'ai eu l'occasion par exemple de rédiger un mémoire de recherche sur l'impact du "look des formateurs "sur les valeurs qu'ils souhaitent transmettre. Il fut temps pour moi ensuite de filer sous les drapeaux en Alsace (eh oui, ça existait encore le service national en ces temps reculés). Cette interruption forcée perturba quelque peu ma préparation du concours de professeur des écoles, que je passai quand même en candidat libre, crâne tondu, à l'occasion d'une "perm". Pas du meilleur effet... Echec donc. Maintenant, au travail !

Animateur au Foyer de Jeunes Travailleurs de Nancy

C'est donc au FJT de Nancy-Laxou que j'ai effectué mes premiers pas de formateur. J'étais chargé de la gestion et de l'animation d'un Centre de Ressources Multimédia (en pointe pour l'époque). Pendant plus d'un an, j'ai effectué du soutien scolaire pour les résidents, animé des ateliers de recherche d'emploi. Je fus détaché quelques fois dans un Centre éducatif renforcé de la PJJ (Protection Judiciaire de la Jeunesse), pour y dispenser des cours d'informatique à quelques mémorables réfractaires à tout ce qui ressemblait de près ou de loin à une source d'autorité...

Moniteur à la MFR de Hadol

Par hasard (encore !), je découvre une petite annonce cherchant un "professeur de maths et physique niveau collège" dans les Vosges. Deux matières ? Au collège ? En fait, il s'agissait d'une "MFR". MFR ? Qu'est ce que c'est ? Un peu dubitatif tout de même, je me rends à l'entretien. Là, le directeur m'explique le fonctionnement de sa "MFR". Je me rends compte alors que ça existe : une école où les disciplines ne sont que secondaires mais où, au contraire, on s'attache à donner du sens aux apprentissages notamment à travers des stages. Ils sont loins mes collègues matheux de Paris VII. Je décide au cours de l'entretien de pousser l'audace encore plus loin : "j'ai un parcours scientifique mais j'ai toujours aimé l'écriture et la lecture  : vous pourriez me laisser m'occuper du français en BEPA ?". Cette MFR m'a donné cette chance, et je la remercie encore aujourd'hui, de pouvoir sortir, moi aussi, de mon étiquette, et de vérifier sur le terrain mes compétences. C'est donc en clin d'oeil, et comme un défi personnel, que j'ai choisi de baser l'écriture de mon mémoire pédagogique sur la mise en place d'ateliers d'écriture dans ma classe de BEPA de l'époque. Objectif atteint au CNP de Chaingy, après deux années de formation. Je me sentais donc complétement épanoui dans ce nouveau métier de "Moniteur en Formations Alternées". Et pourtant...

Formateur au CLPS de Rennes

Changement de vie, changement de région ! Les aléas de la vie m'entrainent en Bretagne, je décide de profiter de ce bouleversement pour découvrir un autre aspect de la formation, et un autre public : les adultes. Je deviens ainsi formateur au CLPS de Rennes, une grosse structure de la formation continue. Période très riche où je suis amené à intervenir en APP (ateliers de pédagogie personnalisée), ASF (ateliers de savoirs fondamentaux), POP (plateforme d'orientation professionnelle). Sigles pompeux, rythme effrené, les stagiaires défilent, les face à face s'enchainent... "Moniteurs... allez voir si l'herbe est plus verte ailleurs !" Mon travail a consisté essentiellement à préparer des demandeurs d'emploi à différents types de concours. Grâce à la reconnaissance par les MFR de mes compétences "transversales", j'ai eu la chance de pouvoir intervenir dans tous ces ateliers aussi bien en Maths qu'en Français !  

Moniteur à la MFR de Goven

Je suis une heureuse victime de la Madeleine de Proust ! C'était un samedi pluvieux, en visite chez une amie à Goven, je découvre un pannonceau indiquant une "MFR"... Surpris, je lui demande si elle connait cette école. Elle me répond que non, mais que ce sont les portes ouvertes justement ce samedi. Nous décidons de nous y rendre, bien décidé à faire la publicité de cette école à mon amie : "tu vas voir, les jeunes vont nous faire la visite, ils sont toujours formidables dans ces moment là !". Et ils furent si formidables que je n'ai pas pu y résister. Les faits s'enchainent, une monitrice me demande en bout de circuit si je viens inscrire mon enfant. "Non je suis moniteur, je venais voir si..." "tu sais qu'on cherche quelqu'un pour la rentrée !" me coupa-t-elle... J'étais déjà convaincu.

Je suis encore moniteur à Goven aujourd'hui, établissement dans lequel j'ai encore la chance de pouvoir intervenir aussi bien dans les domaines littéraires que scientifiques... Je suis marié et heureux père de quatre enfants.

La pire erreur n'est pas dans l'échec mais dans l'incapacité de dominer l'échec.   [François Mitterrand]

Mobilité et stabilité ne sont pas antinomiques : un cycliste n'est stable sur sa bicyclette qu'en avançant.   [Jacques Chirac]