Plaidoyer pour le bénévolat

Le bénévolat du formateur...

Bénévole au travail ! Cette idée peut paraître incongrue, mais à y regarder de plus près, elle fait référence à de nombreuses situations vécues ou ressenties par les salariés (du secteur de la formation ou non d'ailleurs). Le formateur « zélé qui en fait trop », celui qui débute et « veut refaire le monde », ne se sont-ils jamais vu reprocher par leurs collègues leurs dépassements d'horaire ou l'accumulation de leurs projets... C'est que le métier de formateur, c'est aussi un métier de passionné. Ce n'est pas "en faire trop" que de se lancer dans l'organisation d'un voyage, par exemple, qui débouchera fatalement sur des heures supplémentaires non payées, mais c'est en faire plus. Bien entendu, la simple reconnaissance des jeunes ne suffit pas toujours, et il est nécessaire de se sentir soutenu par ses employeurs quand on monte ce genre de projets « chronophages ». Mais au bout du compte, cet appel à s'engager est souvent le plus fort pour nombre d'entre nous, et ce au bénéfice des jeunes. Pour que cet engagement ne s'essouffle pas, il faut effectivement mesurer ses efforts pour ne pas surestimer ses forces « le pas du randonneur, ni trop lent, ni trop rapide, c'est le bon rythme au travail » disait un artisan sage et pédagogue... Il est important aussi de travailler en association et en confiance avec son équipe pour éviter de créer de tensions inutiles entre collègues : « celui qui en fait trop » fait souvent naitre malgré lui un « celui qui n'en fait pas assez »... Gardons à l'esprit toujours les raisons de ces dons de temps des uns et des autres au travail : la préservation et le développement d'un intérêt commun. C'est à dire la qualité de la prestation de formation pour les jeunes, et au bout du compte : notre emploi !

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Le bénévolat des jeunes en formation...

Nous entendons rarement les jeunes demander à être payés en stage. De même il est très rare de les entendre revendiquer au moment des services (moments de la semaine réservés aux tâches d'entretien à la MFR). C'est sûrement que ces jeunes auront compris le sens de ces activités. Loin de ressentir le sentiment d'être « exploités », ils comprennent combien, dans l'action, ils grandissent. En stage, ils sont considérés pour leur travail et écoutés dans leurs difficultés. Pendant les services, les jeunes comprennent vite pourquoi l'entretien des locaux, en commun et aux côtés des moniteurs, est nécessaire (eux qui pour beaucoup ne participaient pas aux tâches ménagères chez leurs parents). Le souci de la propreté est en fait secondaire, le principal étant que ces jeunes ne se sentent plus seulement des consommateurs (ceux qui salissent sans en subir les conséquences), mais des responsables d'un collectif. Je suis toujours étonné de voir combien il est facile ensuite de mobiliser des volontaires pour des tâches inopinées en cours d'année. Que penser de ces lycées qui ont décidé, pour lutter contre l'absentéisme, de gratifiier les élèves les plus assidus à aller en cours !

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Le bénévolat des maîtres de stage...

La passion de leur métier explique souvent l'engagement de ces nombreux maîtres de stage qui, inlassablement, reçoivent nos jeunes avec le même regard pétillant et le même souci d'exigence. Certes, ils ne sont pas tous aussi efficaces que nous le souhaiterions (mais le sommes-nous nous mêmes ?). Reconnaissons toutefois que leur tâche n'est pas toujours facile quand il faut concilier la vie de l'entreprise (surtout en ces temps difficiles) et l'encadrement de jeunes qui ont souvent tout à découvrir du métier et du monde du travail. Souvent, on aimerait « donner une médaille » à certains d'entre eux pour leur patience et leur professionnalisme. C'est pour cette raison que je défends souvent l'idée de la création d'une sorte de label de qualité, pour répondre à un certain besoin de reconnaissance (que je ressens peut-être à tort) chez ces maîtres de stage les plus impliqués.

Le bénévolat des familles ....

Les Maisons Familiales Rurales ont cela de particulier qu'elles font appel, dans leur nom même, à l'implication des familles. Notre méthode pédagogique elle même, dans ses fondamentaux, repose entre autres sur la participation active des familles, lors de l'élaboration des Plans d'Etude notamment. Ce temps accordé par les familles est donc essentiel dans le sens où le jeune lui même doit sentir ce soutien lors de ses périodes de stage. Qu'en est-il réellement ? Il s'avère à mon sens que ce pilier a du mal à jouer encore son rôle aujourd'hui. On retrouve un peu cette « désaffection » des parents dans cette mission lors des réunions organisées à leur attention, ou pire encore lors de l' Assemblée Générale annuelle de l'association. Plusieurs raisons expliquent cela selon moi. Tout d'abord il est certain que la cellule familiale elle même a beaucoup évolué : familles monoparentales ou recomposées, familles d'accueil... Le paysage familial de nos jeunes est souvent complexe, et ne favorise pas toujours le travail « en famille », ni son exposition « publique ». Le rythme de travail et de vie de certaines autres familles peut être en cause : en sont-elles responsables ? N'est-ce pas aussi  une question de priorité ? Là encore, il faut parler du temps... du temps qu'on s'accorde , du temps qu'on se donne.

                                                                                   et des administrateurs...

Je veux donc remercier ici les bénévoles de nos associations que sont les « MFR », pour le temps qu'ils nous accordent, le temps qu'ils nous donnent. Que nos administrateurs soient des parents ou des professionnels, ils ont en commun cette idée qu'il faut s'engager pour les jeunes, mais aussi pour nous. Il faut que nous, moniteurs, en soyons bien conscients. Bien entendu, chaque CA n'est pas aussi impliqué, cela tient aussi aux individus qui le composent, mais ne le voyons pas simplement comme notre « assemblée d'employeurs », mais soyons plutôt pour ces bénévoles soutien et force de proposition.

Conclusion...

Le bénévolat est donc pour moi inhérent au monde de la formation, tant il est synonyme d'engagement et de développement personnel. Il doit en être de même dans les secteurs du sanitaire et social, bien évidemment. C'est pourquoi nous poussons autant que possible nos jeunes en formation BEPA « Services Aux Personnes » à s'engager dans des associations. Ce n'est pas simplement pour leur CV, mais aussi pour qu'ils puissent vérifier et cultiver leur « fibre » relationnelle sur le terrain. J'ai pu vérifier moi même les bienfaits du bénévolat dans le passé : moi aussi, il m'a fait grandir ! Dans une association, on y apprend la société, mais en miniature. Les enjeux sur le plan des relations humaines sont les mêmes : où placer les limites de mon action ? Quel est le sens que je lui donne (est-ce vraiment pour moi ou pour les autres que je le fais) ? Quel temps y consacrer ? Le bénévolat, finalement, ne devrait pas simplement représenter un don de soi (qui serait en fait un abandon de soi), mais tout simplement l'essence d'une société plus humaine.

Bénévolat - mode d'emploi  - Blog de l'orientation "Imagine ton futur"

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