Un peu de poésie dans la vie du communicant...

Jusqu’à l’âge de 15 ans, j’ai habité dans un endroit magique, 13 rue Germain Pilon, 75018 Paris. Quelle que soit la saison, y poussaient des fleurs extraordinaires. C’est encore mon jardin secret. Un jour que j’y jouais au ballon, dans la cour, vint me voir un homme au physique imposant, avec une longue barbe, une veste sale et une chemise avinée. Je n’avais pas peur. Il m’expliqua que j’avais de la chance d’avoir mes presque 15 ans. Je lui demandai ce qu’il faisait dans la vie, il me dit qu’il était poète, qu’il écrivait des textes. Il m’invita à monter dans son petit appartement, 13 rue Germain Pilon, 75018 Paris, nous étions voisins et je ne le savais pas. Il me lut quelques uns de ses textes, dont son tube « Syracuse ». C’était quelqu’un "d’important", mais bon, je m’en fichais, j’étais heureux. Je l'ai admiré quelques minutes. Des minutes qui comptent, mes fameux moments dimmédiatetés dont les habitués de ce blog commencent à connaître !Bernard Dimey m’offrit un disque, me le dédicaça. J’étais fier de connaître quelqu’un qui ne passait pas à la télé mais qui faisait un 33 tours. Le temps passa, je ne le rencontrai plus, ses volets étaient fermés. Un jour à la radio j’ai appris qu’il venait de mourir à 50 ans, d’une cirrhose. Cela fait 26 ans, je n’ai pas oublié. J’ai retrouvé par hasard son disque en faisant du rangement, je ne peux plus l’écouter, mais j’ai trouvé un site qui lui est dédié sur Internet : http://dimey.online.fr/
J’ai retrouvé ce texte absolument magnifique qui prend pour moi maintenant, dans mon métier de communicant une dimension particulière. Et oui, dans notre métier, il faut parler, parler, parler, parler pour dire des choses, parler pour faire des choses, parler pour quelque chose. Mais a-t-on toujours quelque chose à dire ? Parfois non, mais il faut parler, parler encore parler. Parler de tout et de rien, parler stratégie, parler management, parler objectifs, parler rentabilité, parler des hommes et des femmes de l’entreprise. Il faut écrire aussi parfois, souvent, avant de parler mais les gens l’ignorent ! Bien alors parlons…
« Quand on n'a rien à dire et du mal à se taire, On peut toujours aller gueuler dans un bistrot, Parler de son voisin qui n'a pas fait la guerre, Parler de Boumédiène et de Fidel Castro, Parler parler parler... pour que l'air se déplace, Pour montrer qu'on sait vivre et qu'on a des façons, Parler de son ulcère ou bien des saints de glace, Pour fair' croire aux copains qu'on n'est pas le plus con.
Quand on n'a rien à dire on parle de sa femme Qui ne vaut pas tripette et qui n'a plus vingt ans, Qui sait pas cuisiner, qui n'aime que le drame, Qui découche à tout va, qu'a sûrement des amants. On parle du Bon Dieu, on parle de la France Ou du Vittel-cassis qui vaut pas çui d'avant,On pense rien du tout on dit pas tout c' qu'on pense. Quand on n'a rien à dire on peut parler longtemps.
Quand on n'a rien à dire on parle du MexiqueDe l'Amérique du Nord où tous les gens sont fous, Du Pape et du tiercé, des anti-alcooliques, Du cancer des fumeurs et des machines à sous, Des soldats des curés, d'la musiqu' militaire, De la soupe à l'oignon, de l'îl' de la Cité. Quand on n'a rien à dire et du mal à se taire On arrive au sommet de l'imbécillité ».
Parlons, pour ne pas passer pour un imbécile ! Merci Bernard !