RH, recrutement et syllogismes !

 Shadock

S'il m’arrive (parfois) de me réfugier derrière mes quelques années d'expériences professionnelles de la communication RH avant de me prononcer sur un nouveau problème, il m’arrive aussi (très souvent) de balayer ces années de pratique d'un revers de la main au profit d'un réflexe en voie de disparition : le bon sens ou la simple logique.

Il faut tout de même se méfier de ce qui peut sembler n’être que du bon sens et du raisonnement logique : petite plongée au cœur de la logique aristotélicienne (d’Aristote, le philosophe, pas l’armateur, bien que les 2 soient grecs) avec des syllogismes, de la RH, du recrutement et une bonne dose de mauvaise foi…

Ce n’est pas logique !

Et pas facile d'être logique lorsque le contexte n'y incite pas. Prenons le marché de l'emploi et son paradoxe persistant : des recruteurs qui confessent des difficultés de recrutement (à 96%) et des candidats qui se heurtent aux difficultés de l'emploi (à 100 %) ...

La simple logique pourrait nous amener à conclure que les seconds étant très nombreux (plus de 3 millions aux dernières mauvaises nouvelles) et que les premiers étant très bien conseillés ( « moi, si j’étais vous, ce que je ne suis pas, votre offre d'emploi, je la posterai sur les médias sociaux... Je dis ça, je dis rien »), la rencontre de l'offre et de la demande n'est plus qu'une question de jours.

Hélas non, statu quo ou plutôt détérioration continue du marché de l'emploi pour le 24ème mois consécutif… A croire que les candidats n'utilisent pas les médias sociaux ou, pire, ne connaissent même pas leur existence !

Et l'illogisme se poursuit lorsque le candidat est devenu collaborateur car le paradoxe perdure dans l'entreprise. Souvenons-nous, celui (ou celle) qui rêvait d'être engagé, à peine intégré, rêve de mobilité... Dans le même temps,  son employeur regrette son manque d'engagement (alors qu'il vient tout juste de l'engager) ! C'est à n'y rien comprendre. Tout ça n'est pas logique !

Un outil au chevet de la logique !

Mais la solution existe. Et il suffit de faire appel au tout premier des outils d'assistance à la logique : le syllogisme popularisé par Aristote (voir plus haut pour ceux qui suivent encore).

En logique aristotélicienne donc, le syllogisme est un raisonnement logique à deux propositions supposées vraies pour aboutir à une conclusion. La plus fameuse démonstration de ce raisonnement est illustré par le syllogisme suivant : Tous les hommes sont mortels, or Tous les Grecs sont des hommes, donc Tous les Grecs sont mortels. CQFD.

Et cette logique est implacable ! Il suffit de l'appliquer aux outils du recrutement pour en percevoir toute la force et toute la portée, ce qui permet de réintroduire, au passage, un peu de logique dans un marché qui en manque singulièrement !

Ça c’est logique !

Je recrute des jeunes ? La syllogistique est là avec une pertinence qui laisse pantois tous les experts ! 2 exemples pour vous en convaincre ?

1 / Je recrute des jeunes, Or Les jeunes sont tout le temps sur les médias sociaux, Donc Je recrute des jeunes sur les médias sociaux. 

2 / Je recrute de nombreux candidats Or de nombreux candidats ont un téléphone mobile Donc je recrute des téléphones mobiles.

Étonnant, non ! (comme aurait conclu Pierre Desproges incarnant le professeur Cyclopède disparu il y a tout juste 25 ans et auquel je rends ici hommage à la pertinence et à la force incontestable de la démonstration).

Malheureusement (ou heureusement ?), la mise en application de cette logique conduit parfois à quelques déconvenues. Car il existe sur le marché de l’emploi, comme dans les pratiques RH et recrutement, une inconnue qui résiste à toutes les équations : l’humain. Et les outils n’y changeront rien.

La semaine prochaine, je vous parlerai de  sophisme et de contraposée.  A moins que je ne vous parle de marque employeur... 

Suivre @Thierry_Delorme