Master in Business Administration

Je voulais en parler depuis un bon moment, mais j’attendais d’avoir un peu de recul avant de le faire. Depuis septembre dernier, j’ai commencé le cycle Executive MBA d’Epitech.

Pour ceux qui ne savent pas ce qu’est un MBA, il s’agit de cursus ouvert à ceux qui ont un diplôme d’études supérieures (BAC +5) avec plusieurs années d’expérience professionnelle (souvent 4 ans minimum), et qui proposent des formations poussées en marketing, en finance, en comptabilité, en entrepreneuriat, en ressources humaines, en communication, etc.
Il existe deux grands types de MBA : ceux qui se font à temps plein sur une année, et les « Executive MBA » qui sont prévus pour les personnes qui sont en poste, avec des plages horaires aménagées de manière à pouvoir concilier travail et études (souvent sur deux ans).

Petit retour en arrière

Il y a environ un an, je cherchais un peu quel nouveau défi j’allais pouvoir me lancer, après que nous ayons revendu l’entreprise que j’avais participé à créer. J’hésitais entre beaucoup d’options : repartir créer une nouvelle boîte, faire de l’enseignement, tout arrêter pour faire un doctorat… À ce moment-là, un ancien camarade de promotion, devenu directeur adjoint des études à Epitech, m’a proposé de venir à une réunion d’information sur l’Executive MBA que l’école était en train de mettre en place.
Pour la petite histoire, je suis diplômé de l’Epita, et je retrouve dans Epitech aujourd’hui pas mal des qualités − et des défauts − de l’école que j’ai connue (je reviendrai peut-être dessus dans un prochain article). Comme je n’avais rien à perdre, je suis allé y faire un tour.

Il faut dire que la réunion était bien préparée :-)
En tout cas, j’ai eu l’impression que les choses s’emboîtaient naturellement pour moi. Un MBA, c’est l’occasion d’acquérir des connaissances que quelqu’un comme moi n’a pas appris à l’école. Ceux qui sont vraiment motivés peuvent toujours se former seuls ; certains entrepreneurs sont obligés d’apprendre des notions de comptabilité ; il est possible d’acheter des livres traitant de marketing ou de communication. Mais être confronté à toutes ces notions, dans un cadre formel et à un niveau élevé, ce n’est pas si évident.

Pour moi, c’était clairement la possibilité d’apprendre des choses nouvelles, en mettant à profit la durée du cursus − 2 ans − pour me donner un peu d’air dans les choix professionnels qui me trituraient les méninges. Je me donnais du temps pour réfléchir aux choix qui s’offraient à moi, avec la possibilité d’avoir plus de moyens en ma possession pour choisir.

Les raisons

Alors évidemment, le MBA d’Epitech n’a aucune valeur tangible actuellement. Aucun étudiant n’a jamais reçu ce diplôme, je fais partie de la première promotion ! Ce n’est pas comme ceux qui font le MBA de HEC ou de Harvard. Mais vous savez quoi ? Ça me va très bien, et pour plusieurs raisons.
La première raison est simplement que je n’ai pas le sentiment d’avoir besoin d’un diplôme supplémentaire pour faire avancer ma carrière. Je n’ai jamais eu l’impression d’avoir un “plafond de verre” au-dessus de ma tête qui m’empêchait d’atteindre les postes qui m’intéressaient.

La seconde raison est que je fais ce MBA avant tout pour apprendre des choses nouvelles. Pour moi. Pour le plaisir. Pas pour booster ma carrière en allant dans une grosse entreprise (pitié !).

La troisième raison est que la plupart des Executive MBA restent des formations qui nécessitent une quantité de travail hallucinante. Avec celui d’Epitech, je croule sous le boulot ; mais je n’ai pas l’impression de mettre mon couple en péril (chez HEC, ils se gargarisent d’avoir une personne sur deux qui divorce durant le MBA). Cette souplesse que j’apprécie prend plusieurs formes. Les cours se font par enseignement à distance, en vidéo à regarder quand on le veut. Ils sont donnés en français ; tous les MBA de la planète sont donnés en anglais, sauf celui d’Epitech ; je pourrais suivre des cours en anglais, mais il faut bien reconnaître que cela me réclamerait plus d’énergie et de temps. Le staff suit les cours et les activités avec nous, ce qui donne une ambiance géniale malgré un tempo soutenu (et comme rien de remplace le fait de manger sa propre merde, ils font ce qu’il faut pour que tout soit de premier ordre).

Enfin, le MBA est l’occasion de faire des choses impossibles à faire seul.
Nous avons visité la pépinière d’entreprises Le Camping (dont je vous avais parlé une fois, puis une autre).
Il y a deux mois, nous avons fait un stage de « leadership » au sein de l’un des corps d’élite de l’armée française, axé sur le dépassement de soi et l’esprit d’équipe. Je peux affirmer que tous ceux qui participent à ça en ressortent changés.
L’an prochain, il est prévu que nous fassions un voyage dans la silicon valley, à la rencontre d’entreprises pour voir de près tout ce qui rend cette région si spéciale pour l’entrepreneuriat high-tech.

Le prix n’est pas un élément déterminant. Pour être complètement transparent, le cursus d’Epitech coûte 20 000 euros pour les deux années (à comparer aux 30 000 € demandés à Dauphine ou aux 72 000 € de HEC). Pour ma part, mon entreprise cotisant à la FAFIEC, cet OPCA a pris en charge les trois-quarts du montant de la formation.

2 500 euros par an pour recevoir une formation de cette qualité, ce n’est pas cher payé.

Au quotidien

Concrètement, il y a un module de cours différent chaque mois. Cela comprend :

  • une douzaine d’heures de cours en vidéo (à regarder online ou à télécharger pour les regarder sur le téléphone dans le métro) ;
  • un cas final, sorte de projet qui doit être travaillé en groupe (4 ou 5 personnes), et qui impose entre 6 et 15 heures de travail dans le mois ;
  • une journée de “présentiel” à la fin du mois, pendant laquelle le professeur fait un résumé de son cours, puis différents intervenants viennent présenter des éclairages particuliers du sujet.

Depuis le début d’année, nous avons eu des modules de comptabilité, marketing, innovation, management, leadership, communication, commerce & négoce.

Durant ces cours et durant les travaux de groupe, j’ai appris des choses passionnantes. J’ai aussi vu des choses franchement barbantes (en premier lieu la compta et les normes AFNOR de gestion de projet). Mais dans l’ensemble, le bilan est plus que positif.
Le fait d’avoir uniquement des travaux de groupe, et jamais de rendus individuels, diminue le risque d’échec. Avec un peu de cynisme, on dirait que c’est conforme au système d’Epitech (et des écoles privées en général), où il suffit de payer pour être diplômé. Mais c’est aussi le moyen de se confronter à d’autres personnes ayant des parcours plus ou moins similaires mais tous différents. Cela participe à l’attrait de la chose.

Il y a une étonnante proportion d’entrepreneurs au sein du EMBA Epitech (près de la moitié il me semble). Et tout le monde est animé par la même soif d’appendre des choses nouvelles.

Coaching

En marge des cours et de tout ce qui s’y rapporte, tous les participants (il ne faut pas dire « étudiant », c’est tabou) du MBA rencontrent un coach professionnel, au rythme d’une heure par mois.

J’étais assez dubitatif quand cela m’a été exposé. Jusqu’ici, je considérais que ceux qui faisaient appels à des coachs étaient ceux qui n’étaient pas assez grands pour se débrouiller eux-mêmes. Et je dois avouer que mes premières visites chez “ma” coach étaient assez particuliers ; j’avais l’impression de la frustrer : elle est habituée à voir venir des personnes qui sont dans une démarche active, qui attendent quelque chose du coaching. Moi, je n’en attends rien de particulier ; si ça peu me servir à quelque chose, tant mieux ; sinon ce n’est pas grave.

Mais avec le temps, c’est devenu assez intéressant. Une fois qu’on a convenu que je n’avais pas de besoin spécifique, nous avons orienté nos entrevues sur deux axes assez classiques au final : mieux me connaître moi-même et mieux connaître les autres. Ce qui m’amène à étudier des techniques pouvant servir à « décrypter » les personnes avec qui je dois interagir. Je ne sais pas si ça va m’être utile au quotidien, mais c’est plutôt marrant.

Les alternatives

Bon, tout ça c’est bien beau, mais que faut-il en retenir ? Je pourrais vous en dire plus en juin 2014, une fois que j’aurai terminé le cursus. Mais il est clair que si vous avez le temps et l’argent à votre disposition, je vous conseille d’élargir vos horizons en suivant un formation complémentaire ; et dans le genre, un MBA est très complet.

Néanmoins, il existe pas mal d’alternatives qu’il ne faut pas négliger. Retenez toutefois qu’elles demandent toutes une très grande force de caractère, car il toujours plus difficile de suivre un enseignement « seul dans son coin » que dans le cadre d’un suivi formel.
Mais si cela vous intéresse, je vous conseille de regarder ces quelques pistes :

The Personal MBA : Une initiative très intéressante. Son créateur a listé des livres qui apportent des connaissances équivalentes à celles enseignées dans un MBA, répartis en Entrepreneuriat, Création de valeur, Marketing, Vente, Productivité, Communication, Négociation, Management… Cela représente quand même 99 livres à lire (sans compter les 55 autres livres “deprecated”).
Je déplore juste que le site semble s’être transformé en publicité géante pour le livre écrit par l’initiateur du projet (The Personal MBA: Master the Art of Business, bonne lecture au demeurant). Mais toutes les informations attendues sont toujours là, et toujours à jour.

MyBusiness Education : Contrairement à ce que son nom pourrait faire croire, ce site est plus ou moins une version française du concept de The Personal MBA. Sous la forme d’un blog, des livres utiles à une auto-formation de type MBA sont chroniqués.
L’association MBE organise maintenant des réunions qui sont autant d’occasions de discussion autour d’un livre, d’un sujet, d’une présentation…

Coursera : Ce site américain est étonnant. Il permet de s’inscrire à des cours donnés par les plus grandes universités de la planète, en ligne et gratuitement. Par exemple, si je pioche au hasard, il est possible de s’inscrire pour le cours d’introduction à la guitare du Berklee college of music, qui commence dans 3 jours et qui durera 6 semaines à raison de 6 à 8 heures par semaine. Ou le cours de « Machine Learning » de l’université de Stanford, qui commence dans 6 jours et durera 10 semaines. Ou si vous préférez un cours en français, vous pourriez être intéressé par celui de « Conception et mise en œuvre d’algorithmes » par l’École Polytechnique, qui commence en octobre.
Ces cours nécessitent un investissement personnel important, car en plus de suivre les vidéos, il faut rendre des devoirs qui peuvent être assez “poilus”. Mais en échange, une sorte de certificat atteste de la réussite au cours, ce qui peut être intéressant à mettre sur un CV ; même si cela n’a pas − encore − la même valeur qu’un diplôme, ce genre de formation va finir par gagner en reconnaissance.

BeeBac : Pour finir, un site français qui a remporté un appel d’offre du ministère de l’éducation, listé par le magazine Challenges parmi les 100 startups dans lesquelles investir. Y sont regroupés trente mille « ressources pédagogiques » pouvant servir à des cursus allant du collège jusqu’à l’université ; il s’agit de vidéos librement diffusées par des universités et d’autres organismes (depuis l’université Harvard jusqu’au magazine L’Étudiant, en passant par l’ESA).
Ici, pas de certificat, mais un formidable gain de temps pour ne pas avoir à chercher ces vidéos par soi-même ; certaines sont d’une utilité toute relative (« Pourquoi la toile d’araignée est-elle si solide ? ») mais d’autres sont de vraie pépites.
Je connais le créateur de BeeBac, car il suit l’Executive MBA Epitech avec moi. D’ailleurs, nous utilisons sa plate-forme pour suivre les cours ; même si je ne suis pas convaincu par l’aspect “réseau social”, il faut reconnaître que ça marche très bien.

Meetup : Si vous n’êtes pas très chaud pour suivre des cours au sens classique du terme, vous serez peut-être plus intéressé par des conférences. Et même si la plupart des grandes conférences mettent leurs contenus à disposition gratuitement (comme par exemple les célèbres conférences TED), il est souvent préférable de s’y rendre physiquement car on s’y engage plus personnellement.
Le site Meetup.com est maintenant un formidable moyen pour trouver des mini-conférences près de chez soi, animées par des professionnels qui sont heureux de partager leurs connaissances et leurs expériences. De très nombreux sujets sont traités, mais attention à bien vous inscrire en renseignant ceux qui vous intéressent, puis à être réactif quand vous recevez des emails, car certains meetups font salle comble très rapidement (en tout cas sur Paris).

Si avec tout ça vous n’avez pas trouvé votre bonheur, c’est sûrement que vous avez oublié qu’il y a toujours des choses à apprendre…