Ne dites pas à ma mère que je suis DRH......  Elle me croit Business Partner !

Passerelle de navigation du RMS Olympic sur  Le site du Titanic

Passerelle de navigation du RMS Olympic sur Le site du Titanic

Cet été, j’ai consacré une série de billets aux métiers RH d’avenir. Il en est un qui n’avait pas encore été évoqué… 

En effet, il y des métiers qui nous semblent d’emblée sympathiques. Enfant, on s’identifie et on se projette dans les métiers que l’on fréquente ou que l’on croise dans la rue. Et des générations (mêmes les Y et les suivantes…) rêvent de devenir maitresse ou  pompier…

En grandissant les choix s’affirment. Je ferai comme maman, ou comme papa ou tout sauf ça ! Sensible aux animaux ? Je deviendrai vétérinaire. Hypocondriaque ? Médecin, c’est une évidence. On n’est jamais mieux servi que par soi-même. Fan de séries policières ? Flic ou voyou, ou les 2.

Puis vient l’heure de l’orientation…Que l’on retarde le plus possible ou que l’on fini par subir. Et l’on est attiré par des métiers émergents, des métiers à la mode : célèbre (métier largement popularisé par des « people » gominés et/ou siliconés, sil - icônes plus ou moins éphémères d’une génération nourrie à la social realTV), Bigdata analyst, social media strategist voire community manager (les 3 derniers étant de vrais métiers en devenir).

Il est toutefois un métier rarement cité : DRH. Et pourtant…

Du DRH au Business Partner

DRH, voilà un métier noble qui devrait attirer de jeunes générations ; une fonction qui est passée de l’ombre à la lumière en quelques années. Fini le chef du personnel ! Vive le Chief human resources officer voire même le Business partner. Avouez que ça a une autre allure, non ? Certes, c’est encore insuffisant pour se faire une place dans le top 10 des métiers les plus sexy aux yeux des hommes comme à ceux des femmes, mais il y a du mieux.

Un DRH, c’est un peu le capitaine du navire entreprise de l’ère moderne. Stratège et polyvalent dans les vents porteurs, il recrute des moussaillons, il administre son équipage (qu’il gère de manière prévisionnelle), il développe ses matelots… Le tout mâtiné de technologies puissantes et digitales, de Systèmes d’information RH performants et d’abréviations lourdes de modernité : ERP, SaaS, Cloud et j’en passe.

Le naufrage de la Méduse - Histoire de la Marine française - Claude Farrère

Le naufrage de la Méduse - Histoire de la Marine française - Claude Farrère

Dans les vents contraires, notre capitaine DRH débarquera tout son petit monde (les femmes, les hommes et les derniers arrivés d’abord comme le prévoit la convention collective maritime de l’entreprise). Femme ou Homme de devoir, il remerciera également son patron,  avant de s’auto saborder par une ultime lettre de licenciement recommandée avec auto accusé de réception ! Notre capitaine sera bien le dernier à quitter le navire entreprise. Enfin, normalement, à de rares exceptions récentes près, cela se passe comme çà.

Avouez que c’est un métier qui ne manque pas de noblesse ni de grandeur. Voilà bien de quoi attirer et redorer sa marque métier auprès des jeunes générations (je vous ai épargné le couplet sur la marque employeur, ne me remerciez pas). Oui mais voilà, rien n'y fait...

Le mal aimé, je suis le mal aimé…( C. François - JP. Bourtayre, D. Moyne - 1974 )

Une fonction stratégique, noble, ouverte, polyvalente… mais mal aimée. Très mal aimée. Et le « DRH bashing » (en gros le dénigrement collectif)  s’est vite invité dans la danse et sur les médias sociaux. Dès 2004, le premier baromètre social de la Cegos gratifiait les DRH du plus mauvais score d’opinion auprès des salariés d’entreprises privées. 2012, même punition avec la Radioscopie des DRH. 2013, sortie de « DRH, le livre noir », dossier à charge contre les méthodes et les pratiques (supposées) mises en œuvre…

Devant cet acharnement souvent injustifié, on attend la riposte, la justification ou pour le moins la réponse... Elle arrive par la voie de la très officielle Association Nationale des DRH soutenue par des billets de blogs pertinents d’observateurs engagés de la sphère RH. Il me semble toutefois que la défense de la profession fut assez discrète. Devoir de réserve ?  Et ce n’est pas l’ouvrage paru à la fin de cet été « D comme DRH et... dépressif » et signé d'un ancien cadre dirigeant en RH qui allait aider à l'attractivité du métier...

La fonction de DRH a beaucoup évolué (pas encore assez pour certains éternels insatisfaits) et les nouvelles dénominations qui accompagnent cette évolution fleurissent :  business partner, Directeur du capital humain, drh 2.0.. et d'autres. Mais toutes ces propositions ne nous viennent pas des tenants de la fonction mais d'un aéropage de consultants, cabinets et communicants externes (aéropage dans lequel je me range) qui appellent avec insistance à une refondation de la fonction ... Peux-t-on modifier l'attractivité, la visibilité et surtout, la définition et le périmètre d'un métier par un simple changement de dénomination ? 

J'ai pourtant relevé de nombreuses prises de positions de DRH sur les médias sociaux. Et ces prises de parole sont, à ma grande surprise, souvent anonymes ! Discrétion ou devoir de réserve (encore) des DRH eux-mêmes ou approbation tacite de débats dont ils sont observateurs ? 

Autant de questions sur lesquelles je vous propose de revenir dans quelques jours…

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