Forte hausse des chômeurs en activité réduite : l’omission de Michel Sapin

A l’heure de la polémique sur la retraite-chapeau indécente de Philippe Varin, des plans sociaux incessants dont le dernier de la société de transport Mory Ducros frappant 5 000 salariés, de 62 500 défaillances d’entreprises et de 107 700 destructions d’emploi en un an, les éléments de langage de François Hollande s’adaptent à la conjoncture et à l’opinion publique.

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En déplacement à Aubervilliers ce jeudi matin pour promouvoir le contrat de génération, il connaît déjà les chiffres du chômage provoquant une communication chaotique. Le chef de l’Etat n’évoque plus la date butoir de la fin de l’année mais s’attache uniquement à « l’inversion de la courbe du chômage », « la baisse du chômage ». Il ajoute avec beaucoup d’hésitation que « c’est une bataille que nous avons engagée. Elle se fera mois par mois. Nous devons y travailler sans cesse et ça nous prendra tout le temps nécessaire, ce mois-ci comme les autres mois. Et ce qui compte c’est cette tendance que nous devons imposer. » Il termine en regardant Michel Sapin « c’est que le chômage doit cesser d’augmenter ».

Les chiffres

Michel Sapin se targue d’annoncer une baisse du chômage pour le mois d’octobre. En effet, les demandeurs d’emploi de catégorie A baissent de -0,6%, soit -20 500 chômeurs pour s’établir à 3 275 200 en France métropolitaine.

En revanche, Michel Sapin se garde bien d’évoquer la forte augmentation des chômeurs en activité réduite (catégories B et C).  En effet, les chômeurs en activité réduite courte augmentent de +3,7% et ceux en activité réduite longue de +4,0%. Au total, ces chômeurs subissant ces emplois à temps partiel et ces contrats précaires s’établissent à 1 607 800, soit +60 100 chômeurs supplémentaires. Quand on pense que ce dispositif d’activité réduite va être remis en question lors de la renégociation de la convention d’assurance chômage par la dégressivité des allocations versées en complément des revenus d’activité….la précarisation des chômeurs va s’accroître.

Au total, le nombre demandeurs d’emploi des catégories A, B et C augmente de +0,8% au mois d’octobre 2013, soit +39 600, pour s’établir à 4 883 000 chômeurs en France métropolitaine.

Bien évidemment, le ministère du Travail peut retirer tous les licenciés économiques auxquels est proposé le contrat de sécurisation professionnelle (CSP) qui ne sont pas comptabilisés dans les chiffres du chômage. Ayant le statut de stagiaire de la formation professionnelle, ils n’entrent pas dans les catégories A, B et C.

Quant au chômage des jeunes et des seniors des catégories A, B et C, il poursuit sa hausse au mois d’octobre 2013 avec respectivement +0,3% et +1,1%.

777 000  jeunes et 1 034 800 seniors sont au chômage au mois d’octobre  2013.

Le chômage de longue durée, un an ou plus, catégories A, B et C, continue d’augmenter de +1,4% pour s’établir à 2 029 900.

Le chômage d’une durée de 3 ans ou plus poursuit également sa hausse avec +1,2%. Il atteint 575 600, soit une augmentation de +6 900 chômeurs.

Les allocataires du RSA inscrits en catégories A, B et C augmentent de +20 700  bénéficiaires pour s’établir à 800 200, soit 15,9% des demandeurs d’emploi inscrits dans ces trois catégories.

Quant aux radiations administratives, elles augmentent fortement ce mois-ci avec +10 800 radiations, contre + 1 200 le mois précédent et s’établissent à 52 600.

185 500 cessations d’inscription pour défaut d’actualisation ont été comptabilisées ce mois-ci, en diminution de -14 800 par rapport au mois précédent.

chomage infographie Octobre 2013  copie

La Manif’ du 7 décembre

Face à cette situation et pour la 11ème année consécutive, les quatre organisations de défense des chômeurs et précaires, MNCP, APEIS, AC et la section CGT chômeurs de Paris, ont appelé à manifester le samedi 7 décembre à Paris, place Stalingrad.

Lors de la conférence de presse du 27 novembre, les représentants des organisations ont rappelé la pénurie d’offres d’emplois et ont également dénoncé les conditions faites aux chômeurs à Pôle Emploi. Les chômeurs, citoyens à part entière, doivent être entendus, et notamment lors des prochaines négociations UNEDIC qui se tiendront au premier trimestre 2014.

DARES : Demandeurs d’emploi inscrits et offres collectées par Pôle emploi en octobre 2013

Pour aller plus loin :