Les jeunes diplômés à l’étranger : « la french touch ».

« Cette année encore, face à une conjoncture toujours aussi incertaine, une partie des jeunes diplômés français cèdera à l’appel du large. Ils ne sont certes pas majoritaires, mais chaque année plus nombreux, profitant de la mondialisation des échanges et de l’internationalisation des entreprises, petites et grandes. Certains n’hésiteront pas à s’expatrier pour chercher un emploi, démontrant qu’il est parfois plus facile de convaincre un employeur indien ou canadien que de se faire remarquer à Paris. Quels sont les atouts des jeunes diplômés français sur le marché mondial du travail ? Quels métiers recrutent à l’international  en 2014 ?

« Par définition les entreprises qui recrutent hors de leurs frontières recherchent des personnes qualifiées avec des compétences qu’elles ne peuvent pas trouversur place, souligne Muriel Fagnoni, directrice de l’agence Pôle emploi international à Paris. Bien souvent, elles demandent aus­si de l’expérience, ce qui peut constituer un obstacle pour les jeunes diplômés. » Sur les 30  000 postes proposés par Pôle Emploi International, elle estime à environ 20 % le nombre d’offres à destination des jeunes diplômés. « Les métiers les plus représentés sont liés à l’exportation de savoir-faire français : hôtellerie-restauration, luxe ou encore ingénierie. Mais nos offres ne reflètent pas l’ensemble des opportunités. Pour les candidats à l’expatriation, il faut voir dans chaque pays quels sont les métiers en demande », précise-t-elle.

PÉNURIE D’INGÉNIEURS

« Il y a une pénurie d’ingénieurs au niveau mondial, que ce soit en Allemagne, au Brésil ou en Inde », constate Fabien Stut, directeur général du cabinet de recrutement Hays France. De nombreux secteurs ont en effet besoin d’ingénieurs : aéronautique, BTP, énergie, automobile, agronomie, biotechnologies… et les fonctions sont très variées. Elles vont de la direction de travaux sur un chantier d’autoroute à l’optimisation des procédés de production (supply chain management, lean manufacturing) dans une usine en passant par la recherche & développement.

 « Les profils les plus recherchés sont les ingénieurs en mécanique appliquée, avec une compétence technique dans tel ou tel domaine », note Muriel Fagnoni. Connue pour former un grand nombre d’ingénieurs généralistes et spécialisés, la France est bien placée pour répondre à la demande mondiale. « Les ingénieurs français s’exportent très bien. Les employeurs étrangers louent leurs compétences et leur capacité d’adaptation », souligne Fabien Stut. En retour, les ingénieurs savent que leur diplôme peut leur ouvrir des portes à l’international. D’après l’enquête d’in­sertion de la Conférence des directeurs des écoles françaises d’ingénieurs (Cdefi), 12 % des ingénieurs diplômés en 2012 ont trouvé leur premier emploi à l’étranger, notamment en Suisse, au Royaume-Uni et en Allemagne.

Le terme « pénurie » revient lorsqu’on évoque les métiers de l’informatique et du numérique. Rien qu’en Europe, il y aurait 700 000 postes non pourvus dans le domaine des technologies de l’information et de la communication, selon la Commission européenne, qui y voit un problème de compétitivité. Le nombre d’emplois dans le secteur a augmenté en moyenne de 3 % par an pendant la crise tandis que le nombre des nouveaux diplômés a décliné. Aujourd’hui, toutes les entreprises se mettent au digital sous une forme ou une autre : publicité web, e-commerce, applications mobiles, etc. Les besoins en développeurs, web-designers, administrateurs de systèmes informatiques, analystes de données, explosent.

BAGAGE EN MATHÉMATIQUES

L’Europe, mais aussi les Etats-Unis sont confrontés à ce problème. « Au Canada, 50 % de nos offres concernent le secteur informatique », relève Muriel Fagnoni. Là encore, les compétences des jeunes diplômés français sont appréciées. « Ils ont un gros bagage en mathématiques et une culture scientifique qui leur permet d’inventer des solutions nouvelles. Nous ne formons pas des “geeks” mais des cadres d’entreprise », souligne Christiane Michel, directrice des relations internationales à l’Efrei, une école d’ingénieurs en informatique et technologies du numérique.

Les métiers de la finance sont eux aussi un pôle d’attraction à l’international comme en témoigne la présence de nombreux jeunes diplômés français à la City et dans les principales places financières. En dépit de la crise et de nouvelles contraintes réglementaires, les banques gardent un flux d’offres à destination des jeunes diplômés, notamment sous forme de stages et de missions temporaires.  En France, le secteur financier est celui qui a proposé le plus de postes en volontariat international en entreprise (VIE) en 2013. Le site spécialisé efinancialcareers en a recensé un millier, soit 12,5 % du total des VIE, dans à peu près tous les secteurs de la banque d’investissement : activités de marchés et de financement, back-office, sales et risques, ressources humaines, contrôle de gestion, ou encore marketing. « Le VIE n’est pas une promesse d’embauche mais c’est un bon moyen de mettre le pied dans l’entreprise et d’acquérir une expérience en lien avec son projet professionnel », souligne Muriel Fagnoni.

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LE PERMIS VACANCES TRAVAIL

Pour ceux qui n’auraient pas trouvé de VIE ou qui souhaitent postuler directement auprès d’entreprises étrangères, un autre dispositif existe : le permis-vacances-travail (PVT). « Il s’agit d’un visa ouvert qui permet de rester et de travaillerpendant un an dans un pays. Cela laisse le temps aux titulaires de chercher un emploi sur place. » Dix destinations sont aujourd’hui ouvertes à ces working holiday visas : Argentine, Australie, Brésil (accord signé fin 2013), Canada, Corée du Sud, Hongkong, Japon, Nouvelle-Zélande, Singapour et Taïwan. Il faut cependant savoir que certains pays comme le Canada ou l’Australie croulent sous les demandes et atteignent très rapidement leurs quotas. Il est conseillé depostuler dès l’ouverture des inscriptions par les ambassades. »

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Source : Le Monde, François Schott.