Cybernétique mon cher Watson !

La cybernétique est un nom barbare, on imagine un professeur  fol-dingue donnant naissance à une créature aux pouvoirs surnaturels ou un cartoon en noir et blanc des années 30 avec un super héros qui vainc le mal grâce à la cybernétique. Mais voilà, c’est que la cybernétique c’est du sérieux. La meilleure définition que j’ai trouvé a été rédigée par le D° Dominique Dupagne dans son excellent ouvrage ‘La revanche du rameur’ ou comment survivre aux médecins,  aux hiérarchies et à notre société (ed.Michel Laffon).

Le Docteur Dupagne définit la cybernétique comme une science de la régulation : une action est régulée lorsque son effet agit sur sa cause. C’est ce qui différencie la cybernétique de l’automatisation qui se contente de ’commander’. Le pape reconnu de la cybernétique c’est Norbert Wiener  , son travail a consisté à démontrer  les interactions entre les systèmes de commande (gouvernants) et les systèmes opérationnels (gouvernés), aussi bien au sein du vivant, d’un groupe social que d’une machine.  Et là, on se rend tout de suite compte que la cybernétique est omni présente dans notre vie !

Envie d’un exemple ? Voici le mécanisme cybernétique le  plus courant : la chasse d’eau ! « Le ‘gouvernant’ est le robinet, le ‘gouverné’ est le réservoir qui se remplit mais dispose d’un flotteur. Lorsque le flotteur arrive en haut de la cuve d’eau, le système gouverné « réservoir flotteur »coupe le robinet. Il existe une rétroaction entre le gouverneur et le gouverné qui assure une régulation du remplissage de la cuve ».

Le monde vivant est donc celui où règne la cybernétique : les systèmes vivants sont stables car régulés. Un autre exemple du D° Dupagne : « les prédateurs qui exterminent leurs proies finissent par mourir de faim, deviennent moins nombreux et permettent alors à ces proies de se multiplier de nouveau. Un équilibre finit par s’installer entre les deux espèces ».

Alors quoi de neuf dans la cybernétique ? C’est qu’elle ne marche plus vraiment dans nos civilisations modernes. « A l’époque d’Homo, la horde primitive était auto régulée, ce qui a permis sa stabilité pendant un million d’années. Si l’effectif de la horde devenait trop important – au-delà de deux cent cinquante individus – elle se scindait. Si le dominant faisait preuve d’une tyrannie abusive, il était sans doute banni par le groupe ou épuisé par des combats incessants avec des sous-dominants rendus agressifs par la frustration. » « Le drame de nos civilisations ce qu’elles ne sont plus régulées, ou plutôt qu’elles sont régulées par des cycles de type ‘naissance-croissance-déclin -effondrement’. Chaque civilisation est un nouvel  essai qui ne peut durer que quelques siècles ».

A force de tarder à nous réguler on constate les dégâts, crises multiples, désastres écologiques, perte de sens…Le quatrième pouvoir, le contre pouvoir (la presse) va disparaitre au profit du cinquième pouvoir (internet) qui entame sa curation et sa démarche sémantique. Pourquoi ne pas revenir alors à une auto régulation, de type cybernétique, dans une version 2.0 (avec l’aide de l’internet). Cela  créerait des organismes auto régulés, à taille humaine avec des inter- actions fortes : une plate forme collaborative de type plasmatique… comme la tribu d’Homo à la différence prêt que la quête du pouvoir s’est transformée en une force collective !