L’éthique et la robotique

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L’éthique et la robotique

Alors qu’aujourd’hui on en dénombre plus d’1,5 millions, la croissance du nombre de robots actifs dans le monde est exponentielle. Mais ce développement extrêmement rapide des techniques permettant la conception de nouvelles machines semble aujourd’hui se heurter aux principes moraux qui encadrent nos sociétés, en témoignent les nombreuses polémiques autour de la robotique et des progrès de la science numérique. L’articulation entre l’éthique et la robotique, déjà un enjeu contemporain, ne cesse de prendre de l’importance et de soulever des interrogations.

Les enjeux de la robo-éthique

La robo-éthique est, selon la Roboethics Roadmap de Gianmarco Veruggio, « l’éthique humaine des concepteurs, fabricants et utilisateurs de robots ». Très d’actualité en raison de l’apparition récente des drones et notamment de leur essor dans le militaire, les polémiques autour de la moralité de la robotique a mobilisé de nombreux instituts, associations, et ONG. Trois grands enjeux se dégagent, celui du « bondage », à savoir l’asservissement et même la rébellion des robots ; « bombs » c’est à dire leur usage militaire ; et le « bonding », qui correspond aux liens affectifs tissés entre le robot et l’homme. Dans le monde du travail se posent déjà des questions autour du caractère éthique du remplacement des salariés par des robots. À titre d’exemple, le déploiement des « robo-advisors », autrement appelés « conseillers-robots » au sein des métiers de la banque ont créé beaucoup de polémiques.

Davantage d’éthique dans la recherche scientifique

Pour répondre à ces enjeux, la CERNA préconise d’instaurer dans tous les instituts de recherche des comités d’éthique en sciences et technologies du numérique, afin d’aider à ce que les chercheurs en robotique prennent conscience de leur responsabilité directe dans les réflexions éthiques. Toutefois les chercheurs spécialisés ne sont pas les seuls acteurs de ces réflexions, car les progrès en robotique constituent une responsabilité collective que nous portons tous. Posséder un robot relève d’un choix personnel, par exemple nous avons toujours le choix de nos <<aides-soignantes>> (1). Cependant, nous faisons souvent le choix inconscient d’entrer en contact avec des robots et de leur livrer de l’information, comme lorsque nous acceptons par inadvertance l’utilisation de nos cookies sur internet.

L’éthique des robots

Grâce aux robots nous nous déresponsabilisons de beaucoup de tâches physiques, ménagères ainsi qu’intellectuelles. Mais serions-nous prêts à conférer à ces machines la responsabilité de prendre des décisions dites éthiques ? Dans I, Robot d’Alex Proyas, après un accident de voiture le robot fait un calcul de rationalité et décide de sauver non pas la petite fille qui, selon ses estimations, n’avait que 13% de chances de s’en sortir, mais l’homme, qui par la suite de ce choix désespère de tristesse. Bien que ce scénario relève de la science-fiction, il image une réalité proche. Des robots infirmiers existent déjà, impliquant que nous devons reconfigurer notre manière de penser l’éthique médicale, et de manière plus générale l’éthique professionnelle, déjà sujet à de nombreuses controverses.

Comme le soulignent les penseurs et les chercheurs de la CERNA, nos normes éthiques ne sont plus en adéquation avec les progrès et les déploiements de la robotique. Ceux-ci touchant l’ensemble de la société, nous devons nous aussi nous poser les bonnes questions sur les bienfaits mais aussi les dérives de l’IA, et de ses répercussions sur notre quotidien, au bureau et à la maison.