L’éducation à l’âge du numérique expliquée par Cyril Bedel

L’éducation à l’âge du numérique expliquée par Cyril Bedel

L’éducation à l’âge du numérique expliquée par Cyril Bedel

Fondateur d’Eduano, une entreprise qui propose des campus numériques aux entreprises et à l’éducation, intervenant à Paris-Dauphine et à l’ESSEC sur l’économie numérique et chroniqueur, Cyril Bedel est un spécialiste de la transformation numérique. Dans un article publié dans Cairn, il nous explique son articulation avec l’éducation. Qu’en retenir ?

1.L’éducation, qu’on le veuille ou non, est un marché comme les autres

Selon Cyril Bedel, l’éducation est un marché économique animé par une offre (l’éducation est une prestation de services) et une demande de la part des clients – soient des élèves. Malgré la volonté publique d’assurer une éducation gratuite et accessible à tous, l’éducation est un commerce où sont proposés des produits de différentes qualités – en témoigne le classement des institutions académiques.

2.Quand l’expérience d’apprentissage remplace le transfert de connaissances

La quasi-totalité des industries de contenu se sont adaptées à l’évolution du numérique en transformant leur chaîne de production par la dématérialisation. Toutefois, le marché de l’éducation semble être resté en amont de ces évolutions, alors même que les autres services de l’Etat se sont eux aussi engagés dans la voix de l’automatisation.

L’auteur poursuit en vantant les répercussions positives qu’auraient l’automatisation et la dématérialisation des tâches répétitives dans l’enseignement, et selon lui elles seraient nombreuses. Pour appuyer son propos, Cyril Bedel s’appuie sur l’expérience de la Kahn Academy, où les élèves apprennent et mettent en application leurs cours par des exercices sur internet déjà corrigés par le professeur avant le début du cours. Cette numérisation de l’enseignement permettrait aux professeurs de gagner du temps pour ensuite mieux accompagner les élèves qui auraient connu des difficultés lors des exercices.

3.Quand l’élève, autrefois passif, devient actif grâce aux technologies

L’auteur poursuit son argumentation en vantant les bénéfices du développement des TICE (Technologies de l’Information et de la Communication de l’Education).

D’abord, les LMS (Learning Management Systems). Ces plateformes pédagogiques permettent de produire, structurer et diffuser les cours en ligne.

Ensuite, les outils d’auteurs. Ceux-ci mettent en forme le texte, l’image, le son et la vidéo des cours, afin de les perfectionner et d’assurer une meilleure expérience d’apprentissage. (N’attendez plus, ils sont (selon l’auteur) pas très difficile à utiliser et ainsi relativement accessible !)

Les outils communautaires ou sociaux permettent le partage de l’expérience d’apprentissage. Les cours sont commentés sur les forums, et parfois l’apport des réseaux est directement intégré au LMS, pour à terme faire partie du protocole pédagogique. Selon l’auteur, ces outils favoriseraient également une nouvelle manière d’enseigner, à savoir l’évaluation par les pairs.

La dernière TICE fondamentale dans la transformation numérique de l’enseignement sont les données d’apprentissage, ou les learning analytics. Celles-ci permettent d’analyser les pratiques d’apprentissage de chaque élève, en identifiant ses carences au début du cours, sa vitesse de progression, et ses zones de difficultés. Ce site, crée par un champion français de la dictée, propose aux participants un parcours adapté pour perfectionner leur syntaxe, leur orthographe et leurs formules d’usage. En complément, le participant peut également regarder des vidéos en face à face avec un professeur.

Selon l’auteur, les technologies, sans remplacer radicalement les structures traditionnelles de l’apprentissage, améliorent le monde de l’éducation et ouvrent de nouvelles voix à ceux qui entrent sur ce marché, non seulement en tant qu’élève mais aussi en tant qu’enseignant.

4.Les technologies dans la diffusion du savoir

Les technologies permettent d’étendre le savoir à une plus grande échelle, à le rendre accessible à plus de monde et à des populations éloignées de centres d’éducation, que ce soit pour des raisons géographiques, sociales ou économiques.

5.Comment enclencher ce changement ?

Selon l’auteur, la transformation numérique de l’éducation repose sur cinq dimensions clefs :

– Former et recruter des ingénieurs pédagogiques, qui seront aptes à construire des scénarios de cours en ligne,

Médiatiser le contenu des cours pour en faire une expérience audiovisuelle, en modernisant les outils mis à la disposition des universités, et aller plus loin que l’enregistrement des cours,

– Se concentrer sur l’interactivité, un point majeur de l’enseignement en ligne et un acteur crucial dans la mobilisation de l’élève,

– Conduire des projets pédagogiques pour construire conjointement les cours en ligne,

– Et enfin, accepter que l’éducation soit un marché économique, et intensifier le marketing autour de l’expérience d’apprentissage en ligne pour augmenter l’audience des cours numériques.