Compétences interculturelles et coopération : la Chine et le Temps

Christine Cayol habite à Pékin depuis plus de 16 ans. Elle y a fondé la Maison des arts de Pékin, Yishu 8 (Pékin-Paris), aux portes de la Cité interdite. Elle est présidente du cabinet Synthesis, spécialisé dans le management par l'art. Pour réussir en Chine et, plus généralement, en environnement interculturel, il faut apprendre à changer de perspective...

Vidéo 1 : Culture chinoise : être " avec " et non " face "

Quelques points-clés de ce témoignage

Il me semble qu'aujourd'hui, ce qu'attendent les Chinois dans la façon dont ils veulent travailler avec les Occidentaux, y compris dans leurs actes d'achat, c'est de trouver un point de connexion, de rencontre. Un point que l'on va appeler un désir, une confiance, un projet, qui va à la fois correspondre à une demande et un besoin chinois d'une part, et à une demande et un besoin occidental d'autre part. C'est ce point de contact, de coopération, d'équilibre qui fait que l'on s'inscrit durablement dans les affaires en Chine. " Donc, si vous voulez construire une relation durable et devenir un véritable ami de la Chine, il va falloir trouver ces points de contact. Vous n'êtes pas face, vous êtes avec. Cela implique de déployer une culture de la souplesse, de l'agilité et du compromis.

L'expérience passionnante que je vis, c'est que mes initiatives, la façon dont je travaille, dont je pense, dont je manage, sont quotidiennement bousculées, remises en cause par la Chine, par d'autres façons de faire, par d'autres façons de voir. Il s'agit donc d'essayer de trouver un équilibre : à quel moment je reste fidèle à mes valeurs, à mon souci d'excellence et à mon image et jusqu'où je vais dans la " sinisation ", finalement, de ma maison, de mes façons de faire et de ma marque.

Vidéo 2 : Agilité chinoise : une culture de la courtoisie

Quelques points-clés de ce témoignage

En Chine, courtoisie et respect sont les marques d'une stratégie à long terme.

Le respect et la courtoisie revêtent trois dimensions fondamentales :
- La première dimension, c'est la dimension symbolique. Les Chinois s'expriment par des gestes, par des signes, par des symboles bien plus que par du langage direct.
- La deuxième dimension, c'est la dimension collective. Une relation, c'est avant tout une relation d'une équipe à une équipe, d'une famille à une famille. Ce n'est pas d'abord une relation interpersonnelle, mais une relation interfamiliale ou inter-cercles.
- La troisième dimension, qui est extrêmement importante, c'est l'importance des rituels.

N'asséchons pas les relations : essayons au contraire toujours d'y mettre, à travers le rituel, une dimension humaine, pour construire l'envie, la confiance et la bienveillance. Si vous êtes trop direct, trop pressé, sans attention pour le geste, vous allez faire preuve d'une très grande indélicatesse, une indélicatesse que personne ne vous fera remarquer mais dont vous vous apercevrez bien plus tard qu'elle conduit à des impasses, à des silences, à des échecs, et parfois même à des trahisons. Ne soyons donc pas superficiels, essayons d'entrer dans la Chine profonde, dans la Chine des profondeurs.

© Dunod Éditeur, mai 2019.

Compétences interculturelles et coopération : la Chine et le Temps