Manager en temps de crise

Face à la crise actuelle du coronavirus, les entreprises, quelle que soit leur taille ou leur secteur d’activité, doivent s’adapter et mettre en œuvre de nouvelles mesures d’urgence. Ces mesures concernent de manière directe les collaborateurs, mais aussi les actionnaires. Par ailleurs, se mobiliser contre le virus avec des engagements sociétaux, bien que toutes les entreprises ne soient pas en mesure de le faire, est également un enjeu et une responsabilité dans ce contexte inédit de gestion de crise sanitaire.

Quel est alors le rôle du dirigeant et les bons réflexes qu’il devrait adopter ?

Bien que la situation en elle-même ne soit pas contrôlable, le rôle du dirigeant est d’apporter une réponse le plus rapidement possible en agissant sur ce qu’il peut contrôler.

Beaucoup de collaborateurs sont confrontés à l’anxiété en ce qui concerne leur futur (proche et lointain) professionnel. Tandis que certains se retrouvent en situation de chômage partiel, d’autres travaillent à distance, et de nombreux aménagements sont nécessaires. En somme, la situation n’est simple pour personne, et l’environnement professionnel peut vite devenir source d’angoisse pour les collaborateurs.

Quelles que soient les possibilités de l’entreprise en faveur des collaborateurs, le dirigeant devrait plus que jamais rassurer et guider ses collaborateurs. Plus son discours sera réaliste, plus il sera transparent sur les difficultés auxquelles l’ensemble de l’entreprise fait face, plus il aura d’impact sur ses équipes. En parallèle des propositions émises par l’état,  les entreprises doivent ajuster au mieux leur politique et leur organisation en faveur des salariés. Il est important que le dirigeant communique à ce sujet, au risque de succomber à un état de panique générale, néfaste à la fois pour l’entreprise et l’ensemble des collaborateurs. Dans le contexte actuel, l’entreprise a le rôle d’une organisation sociale quelle que soit sa taille et même s’il est certain que le dirigeant se concentre sur sa stratégie économique et financière, il doit aussi gérer une proximité émotionnelle, vis des à vis des collaborateurs dont certains ne seront pas épargnés par la maladie. Cela nécessite aussi de préserver des moments de calme et de pause pour prendre les bonnes décisions et éviter de sur réagir en temps réel.

Des messages sur la solidité de l’entreprise et de son modèle économique, d’autres de solidarité, d’entraide avec la mise en place d’ajustements, plus ou moins importants selon les ressources de l’entreprise, permettront aux collaborateurs de se sentir entendus, soutenus et participeront positivement à leur engagement et à leur motivation.

L’état incite aussi les entreprises (tandis que la BCE fait de même concernant les banques françaises) à ne pas verser leurs dividendes, et va même plus loin, en refusant les aides qu’il propose si les entreprises continuent de les verser. Le dirigeant doit alors se positionner vis vis de ses actionnaires.  

  • Certains grands groupes comme L’Oréal, HERMES ou TOTAL ont les moyens de ne pas solliciter l’aide de l’état, notamment sur le chômage partiel et peuvent se permettre de verser leurs dividendes (tout en recourant au chômage partiel).
  • D’autres qui ont davantage besoin du soutien financier de l’état ne versent pas leurs dividendes, les entreprises préservant leur trésorerie pour soutenir leur activité économique et leurs collaborateurs. C’est notamment le cas de SAFRAN, JC DECAUX ou ACCOR.
  • Mais qu’en est-il des TPE, des PME ? Nombreux sont les dirigeants qui ont fait le choix de recourir au chômage partiel pour mieux protéger leurs collaborateurs pour faire face à la baisse de revenus. Mais combien de temps pourront-elles vivre sur leur trésorerie avec certains coûts fixes qui demeurent inchangés ?

Enfin, les entreprises ont, aujourd’hui encore plus, une responsabilité sociale, et sociétale. Dans un contexte comme celui-ci, le dirigeant pourrait alors se poser la question : « que pouvons-nous faire, à notre échelle, pour participer à l’amélioration de la crise ? ». Cela passe notamment par la production de gel dans les sociétés spécialisées dans la cosmétique, de bons d’essence toujours pour les soignants, de mises à disposition de chambres d’hôtel par les chaînes hôtelières ou les plateformes de location de logements temporaires.

Le rôle du dirigeant est peut-être aujourd’hui en train de changer. Nombreuses sont ces initiatives de solidarité des collaborateurs qu’il peut encourager, relayer. Son rôle est aussi de faire en sorte que les collaborateurs aient du discernement, arrivent à faire la part des choses quand les informations leur arrivent, les faire grandir, les rendre « responsables », pour qu’ils réalisent leurs actions par solidarité plutôt que par intérêt.

Anne Charlotte VAILLANT Présidente ALHAMBRA International  & CEO SKILFI

Pierre MAURIN est Partner ALHAMBRA International  et Directeur Exécutif SKILFI

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