Comprendre la Théorie de l’agence (modèle principal - agent)

Comprendre les relations entre les hommes dans l’entreprise passe souvent par une analyse théorique dont certains ne perçoivent pas l’intérêt opérationnel. Pourtant, si tout n’est pas parfaitement modélisable, l’effort d’abstraction fournit bien souvent des réponses aux questions les plus concrètes.
C’est notamment le cas pour la théorie de l’agence qui étudie ce qui lie le commanditaire d’une action (le principal) et son commandité (l’agent). Voilà ce qu’elle nous enseigne :
Lorsqu'un principal cherche à obtenir d'un agent qu'il maximise sa satisfaction alors qu'il se trouve dans une situation d'asymétrie d'information à son désavantage (on parle de relation principal-agent), le compromis entre les deux acteurs réside dans la contractualisation.
Quelques exemples de relations principal-agent :
  • Le manager (principal) qui veut que ses employés (agents) travaillent dur mais n’a pas de moyen de contrôler leur effort => solution : salaire indexé sur un résultat (contrat)
  • L’assureur (principal) qui propose un contrat d’assurance à un client (agent) dont il ne peut savoir s’il a un comportement à risque => solution : les clauses du contrat
  • L’actionnaire (principal) qui veut que les dirigeants de l’entreprise fournissent un effort maximal mais qui ne maîtrisent pas les problématiques concrètes du marché => solution : stock-options (contrat)

Dans tous ces cas, on voit bien que la difficulté réside dans la conception même du contrat. Si on reprend l’exemple du manager qui veut que ses employés fournissent un effort maximal, il apparaît que la solution du contrat qui indexe la rémunération sur un résultat est complexe et ce pour au moins trois raisons. D’une part, cela sous-entend que le résultat est mesurable (ce qui est discutable pour beaucoup d’activités) et d’autre part, faut-il encore que les employés acceptent le contrat : si le résultat est soumis à des paramètres indépendants de sa volonté (par exemple problème à un maillon du processus de production dont il n’a pas le contrôle), il est peu probable que le contrat satisfasse l’employé qui réclamera alors une part de rémunération fixe. Enfin la contractualisation pose la question de l’aléa moral (moral hazard) : il s’agit de la possibilité pour l’agent contractualisant de limiter son effort une fois des garanties offertes par le contrat fixées. Dans notre exemple de relation entre un assureur et son assuré, cela pourrait se traduire par une diminution de la vigilance de l’assuré une fois le contrat passé.

Pour une explication plus approfondie de la théorie de l’agence je vous conseille la lecture de l’article Agency Models in Law and Economics d'Eric A. Posner (fils de Richard Posner), paru en 2000 dans le John M. Olin Law & Economics Working Paper NO. 92 de la Law School of Chicago.