Premier principe : ne sois pas ce que tu fais

twist_clock_illusion_by_anhpham88-d45ym88Article d’origine publié le 10/09/13 sur mon blog jechoisismavie.com

Une chose que j’ai comprise récemment, c’est que pour choisir sa vie, il faut avant toute chose sortir des illusions dans lesquelles nous sommes bercés. Faire le choix de la pilule rouge, si cela vous parle. Et pour ce faire, il faut d’abord convenir du fait que nous nageons dans des illusions. C’est peut-être le plus dur, un chemin personnel de conscience, et ça prend du temps.

Vous êtes prêts à lever le voile ? Bien, commençons par une des plus grandes illusions qui soient, celle relative à notre identité. Nous sommes enfermés depuis notre plus tendre enfance dans l’illusion des rôles sociaux que nous devons jouer dans ce monde. Notre société occidentale ne conçoit pas qu’on puisse exister, "être" tout simplement. Il nous faut faire pour être. Ainsi, nous sommes étiquetés comme des objets, et très vite, de ces fonctions et de ces rôles sociaux dépend notre identité sociale. La pratique est tellement ancrée qu’elle nous est complètement naturelle, le système est tellement bien rodé que nous n’y voyons que du feu, et adulte il devient extraordinairement difficile de nous qualifier, de nous imaginer, par autre chose que par notre fonction et par un rôle.

Le hic, c’est que nous avons tendance à faire de ces rôles notre territoire et nos lunettes. Prenons quelques exemples : je peux "être" gendarme, banquier, serveur, infirmier, coach, médecin, ou conducteur de taxi. Bien, c’est parfait, il en faut. Alors pourquoi est-ce une grande illusion que s’identifier à une de ces fonctions ? Parce que ce sont là des rôles que nous jouons, à certains moments de notre vie, et qui doivent être vus comme tels, mais ces rôles ne doivent pas nous déterminer. Certaines personnes, tellement attachées à leur métier, tombent en dépression lorsqu’elles le "perdent", au moment d’un licenciement ou de la retraite. Certaines sont hargneuses quand on met en cause leur profession, ou ne sont pas capables d’avoir de hauteur de vue, vous en connaissez un certain nombre, n’est-ce pas ? Elle voient le monde à travers le prisme, les lunettes déformantes de leur rôle social, et deviennent incapables d’avoir une vision claire et juste. Sans cette fonction, elles ne sont rien, et elle n’existent pas. Et encore moins si elle n’ont pas choisi leur rôle, leur vexation est très forte, la dépression guette souvent. C’est pour ces raisons qu’il est si difficile de se reconvertir, de faire le deuil de son métier, de son rôle précédent. Nous croyons que quitter notre rôle social c’est quitter notre propre identité, ce qui est une illusion bien sûr, car notre identité d’hommes ne se limite bien évidemment pas à des fonctions.

Il est intéressant de noter que les disputes entre amis ou dans la famille prennent souvent leur source dans ces querelles de rôles. En tant que médecin, je pense que… En tant que banquier, je pense que…je prends habituellement toute attaque contre ma profession mal, car je suis défini par cette corporation, aussi, toute attaque contre celle-ci est une déclaration de guerre personnelle. J’ai noté que plus le corporatisme de la profession est fort, plus les lunettes déformantes sont fortement ancrées. Par ailleurs dans notre place sociale, nous avons habituellement plusieurs rôles. Prenez, moi par exemple. Je peux être tour à tour consultant RH, coach, mais également Parisien, militant des droits LGBT, trésorier d’association… Je  m’identifiais intégralement à ces "rôles sociaux’ dont je pensais inconsciemment qu’ils me définissaient, je voyais le monde à travers le prisme de ces rôles. Et puis j’ai décidé d’ôter mes lunettes.

Aujourd’hui je ne "suis" pas coach, je "pratique" le coaching à certains moments de ma journée, de ma semaine. Voir les choses de cette manière m’aide, je le pense, à avoir plus de discernement et à renforcer le lien avec les autres. Parfois bien sûr, pour des raisons pratiques je garde mes lunettes de coach, mais quand je termine ma séance, je les enlève. M’identifier à ma fonction, à mon activité, me réduit à un simple objet social sans capacité de choix. Pour gagner la capacité à choisir ma vie et mon chemin, j’ai dû me sortir de cette illusion du rôle. Pour commencer vous aussi à ôter vos lunettes déformantes, je vous invite tout d’abord à ne plus considérer que vous êtes coiffeur ou avocat, vous pratiquez une activité de coiffeur ou d’avocat. Vous pensez que je joue sur les mots ? et pourtant cela fait toute la différence, essayez de discerner pour voir. Je vous invite également à vous poser la question, le soir avant de dormir, quels sont mes rôles sociaux ? Et qui suis-je au delà de mes rôles ? Pour pouvoir finalement répondre à l’invitation de Nietzsche "deviens qui tu es"

Pour aller plus loin, je recommande le dernier ouvrage d’Eckart Tolle, Nouvelle Terre, une extraordinaire aventure au-delà de nos illusions, vous n’en ressortirez pas intacts.