Le chômage : le 20ème critère de discrimination ?

defenseurdesdroits.fr

defenseurdesdroits.fr

Le chômage deviendrait-il le 20ème critère de discrimination non encore prohibé par la loi ?

En effet, le Défenseur des droits est chargé de lutter contre la discrimination dans le domaine de l’emploi, du logement, de l’éducation et de l’accès aux biens et services, sur la base de 19 critères prohibés par la loi.

L’enquête « Perception des discriminations par les demandeurs d’emploi » menée par l’Ifop à la demande de Dominique Baudis, Défenseur des Droits et de l’OIT révèle que 9 demandeurs d’emploi sur 10 déclarent que les discriminations à l’embauche sont fréquentes.

Cette enquête a été réalisée auprès de 1 004 demandeurs d’emploi âgé de 18 ans et plus résidant en France entière et de 502 demandeurs d’emploi, âgés de 18 ans et plus, résidant en ZUS.

Le phénomène de discrimination est renforcé par la crise économique qui frappe la France depuis la mi-juillet 2008. 84% des demandeurs d’emploi de la France entière (79% en ZUS) l’ont constaté dont 48% de seniors.

93% des chômeurs de la France entière et 95% des chômeurs résidant en ZUS estiment qu’il est important de lutter contre les discriminations à l’embauche.

Les principaux facteurs de discrimination

A compétences égales avec le meilleur candidat lors d’un recrutement, les chômeurs de la France entière interrogés ont classé ces facteurs comme des inconvénients de la manière suivante :

  • être enceinte pour 89%  : ce résultat n’est pas étonnant au vu des questions dont j’ai été « victime » lors de différents entretiens d’embauche : « Vous n’êtes pas enceinte ? Vous ne comptez pas tomber enceinte durant l’année ? Vous avez des enfants, vous avez des solutions de garde quand ils sont malades ?"
  • être un senior pour 85%
  • être une personne obèse pour 79%
  • être une personne transidentitaire pour 73%
  • être une personne handicapé pour 72%
  • être pauvre pour 50% des chômeurs en ZUS (moins de 965 euros par mois pour une personne seule)

Concernant la couleur de la peau, la consonance étrangère du patronyme, la résidence en ZUS, la nationalité étrangère, la religion, 66% à 71% des chômeurs considèrent avoir été victime de ces discriminations.

Honteux d’être chômeur ?

Ce qui ressort de cette étude, c’est que 56% des demandeurs d’emploi interrogés dans la France entière déclare que le statut de « chômeur » est discriminant. Faudrait-il être toujours en activité pour postuler à une offre d’emploi et pour être considéré avec respect lors d’un entretien d’embauche ?

La question sur les chômeurs de longue durée n’a pas été posée. Pourtant, c’est un facteur très discriminant lors de l’entretien d’embauche et c’est souvent la première question du recruteur « Mais pourquoi êtes-vous au chômage depuis plus d’un an ? ». Une volonté ? Un choix ? Une méthodologie de recherche d’emploi défaillante ? ». A cet instant, le recruteur est déjà en train de remettre en question vos aptitudes physiques et psychologiques à travailler en entreprise.

Deviennent également des inconvénients lors d’un entretien d’embauche le fait d’être une femme (42%), d’avoir des enfants (54%) et d’être syndiqué (53%). Que penser des candidats qui cumulent tous ces inconvénients ? Deviendraient-ils des barrières voire un handicap à l’embauche ?

Les conséquences du défaut d’information

90% des demandeurs d’emploi déclarent ne pas avoir été informés sur leurs droits contre les discriminations à l’embauche.

Cette enquête montre que ces discriminations sont récurrentes (37% en France entière et 29% en ZUS) et à moins d’enregistrer l’entretien d’embauche il est difficile de prouver que le candidat a été victime de discrimination. C’est parole contre parole.

71% des demandeurs d’emploi résidant en ZUS dont 79% de femmes déclarent avoir été victimes de discriminations à l’embauche (69% en France entière dont 81% possédant le BAC).

Pour les chômeurs résidant en ZUS, c’est à la réception ou à l’examen du CV que 52% d’entre eux ont été victimes de discrimination.

Il n’est donc pas évident de trouver un emploi à la fois dans ce contexte économique défaillant, un marché du travail sclérosé et face à certains recruteurs qui vous jugent selon leur prisme étroit de l’esprit.

Face à ces discriminations, 52% des chômeurs déclarent activer leur réseau personnel pour trouver un emploi. 46% d’entre eux semblent découragés et remettent à plus tard ou abandonnent leur recherche d’emploi.

A noter que la restitution de cette enquête sera suivie de la signature par les intermédiaires de l’emploi de l’engagement « Ensemble pour l’égalité dans le recrutement » : ces derniers s’engagent à lutter contre les discriminations et à favoriser l’égalité des chances dans l’accès à l’emploi.

Affaire à suivre…