Chômage : Pôle emploi, le Bug et Michel Sapin

Interrogé par Jean-Pierre Elkabbach sur Europe 1 mercredi, Michel Sapin a préparé le terrain en annonçant que les chiffres du chômage de septembre ne seraient pas bons. Il se défausse à nouveau sur Pôle emploi et le Bug de SFR.

Crédit photo : emploi.gouv.fr

Crédit photo : emploi.gouv.fr

Il ne lui reste donc plus que trois mois pour inverser la courbe du chômage sachant que la boîte à outils du gouvernement est défaillante avec 12 802 demandes d’aide au contrat de génération dont 650 déposées dans les entreprises de 50 à 300 salariés et dont 11 500 n’ont toujours pas été acceptées à ce jour.

La montée en charge de ce dispositif est très lente, voire un échec, avec +2 178 demandes d’aide enregistrées en un mois. Pourtant le gouvernement a accordé un délai supplémentaire (initialement la date limite est le 30 septembre 2013) aux entreprises de 300 salariés et plus pour conclure un accord collectif. L’objectif de 75 000 contrats de génération va être difficile à atteindre d’ici la fin mars 2014.

« Cet incident statistique a augmenté la baisse, si je puis dire, au mois d’août, il va augmenter la hausse au mois de septembre »

« Ils ne seront pas bons pour une raison très simple qui n’est pas une question de vérité. Comme vous le savez au mois d’août, il y a eu un incident statistique avec un bug SFR. […]Je l’ai dit d’ailleurs dès le mois d’août. J’ai dit le mois de septembre ne ressemblera pas au mois d’août. Si on veut regarder les tendances, prendre les deux chiffres, les mêler et on verra quelle est la moyenne […] Le Bug du mois d’août qui a donné un effet faussement positif donnera un effet ce mois-ci faussement négatif. ».

A cela s’ajoute une rhétorique très étonnante sur les difficultés économiques que rencontrent actuellement les entreprises bretonnes. Michel Sapin appelle à ne pas confondre « des drames locaux , des drames dans les entreprises avec la montée du chômage ». Pourrait-il le redire aux 900 licenciés de l’abattoir Gad Lampaul-Guimiliau qui vont nouvellement s’inscrire à Pôle emploi ? Mais étant donné que ces licenciés vont se voir proposer le contrat de sécurisation professionnelle (CSP), ils bénéficieront du statut de stagiaire de la formation professionnelle. Ils ne seront donc pas comptabilisés dans les chiffres du chômage. Ce ne sont que des drames humains invisibles et Michel Sapin peut continuer à marteler :

« Ne confondez pas ce drame là avec l’évolution du chômage, ce sont deux chiffres, bien entendu, extrêmement différents »

Bientôt les éléments de langage de Nicolas Sarkozy du mois de mars 2012 à l’antenne de France Info seront repris par Michel Sapin lorsque l’ancien président annonçait « une amélioration de la situation avec une baisse tendancielle de l’augmentation du nombre de chômeurs ».

Quant à Pôle emploi issu d’une fusion ratée entre l’ANPE et les Assédic , il n’a toujours pas trouvé ses marques et perd aujourd’hui toute crédibilité.

Les chiffres

Au mois de septembre 2013, le chômage augmente dans toutes les régions de France métropolitaine, de +10,7% en Basse-Normandie à +21,3% en Corse.

Le nombre de demandeurs d’emploi de catégorie A connaît une forte hausse avec +60 000 chômeurs au mois de septembre  2013 pour s’établir à 3 295 700 (+1,9%). Sur un an, il croît de +8,1%.

Le nombre de demandeurs d’emploi des catégories A, B et C augmentent fortement de +54 200 chômeurs pour s’établir à 4 843 400 (+1,1%). Sur un an, il croît de +7,3%.

Les chômeurs en activité réduite longue (catégorie C) décroît ce mois-ci de -1,3% après une augmentation de +0,5% le mois précédent. Quant aux chômeurs en activité réduite courte (catégorie B), il repart à la hausse avec +1,0%, après une baisse -2,6% au mois d’août 2013. Au total, les chômeurs en activité réduite (catégories B et C) diminuent de -5 800 pour s’établir à 1 547 700.

Le chômage des jeunes et des seniors des catégories A, B et C repart à la hausse avec respectivement +1,1% et +1,2%.

774 600 jeunes et 1 023 200  seniors sont au chômage au mois de septembre  2013.

Le chômage de longue durée, un an ou plus, catégories A, B et C, augmente de +0,8% pour s’établir à 2 001 300.

Le chômage d’une durée de 3 ans ou plus poursuit sa hausse avec +1,0%. Il atteint 568 700, soit une augmentation de +5 900 chômeurs.

Les allocataires du RSA inscrits en catégories A, B et C augmentent de +23 200 bénéficiaires pour s’établir à 779 500, soit 15,9% des demandeurs d’emploi inscrits dans ces trois catégories.

1 200 chômeurs supplémentaires ont été radiés administrativement au mois de septembre 2013 pour un total de 41 800 radiations.

200 300 cessations d’inscription pour défaut d’actualisation ont été comptabilisées ce mois-ci, en diminution de -77 200 par rapport au mois précédent.

Ces chiffres sont accablants et l’embellie ne semble pas être pour tout de suite.

En effet, l’OFCE vient de publier ses perspectives économiques pour 2013-2014. Il prévoit une croissance du PIB de 0,2% en 2013 et 1,3% en 2014. Néanmoins le potentiel rebond de la croissance de la France est freiné par la rigueur budgétaire. Il aurait dû conduire à une croissance spontanée moyenne de près de 2,6 % l’an au cours des années 2013 et 2014.

Selon l’OFCE, cette croissance serait trop faible pour améliorer la situation sur le marché du travail. Le taux de chômage augmenterait régulièrement pour s’établir à 11,4 % pour la France entière fin 2014.

chomage infographie copie septembre 2013

Pour aller plus loin :

DARES : Demandeurs d’emploi inscrits et offres collectées par Pôle emploi en septembre 2013