Carnet de start #3 : Ou comment se différencier… par sa passion

Comment faire pour se différencier ? C’est ce que demandent certains entrepreneurs qui n’ont pas l’impression (ou l’historique) de posséder des atouts différenciants ?
Etre passionné, répondent souvent les accompagnants. Et c’est vrai qu’un entrepreneur(e) est d’abord un(e) passionné(e), quelqu’un qui s’élance dans le bain entrepreneurial moins par raison que par un élan irraisonné (si l’on compte tous les obstacles qu’il/elle va rencontrer et les bénéfices qu’il/elle en retire).
Etre passionné(e) c’est un bon début. Ce n’est pas suffisant mais c’est une base de travail. Car dans un environnement être très concurrentiel, et dont les besoins semblent satisfaits pour l’essentiel, il s’agit d’explorer l’âme humaine avant de pouvoir répondre à un besoin nouveau. Et pour cela, rien de mieux que de commencer par la sienne.
Si l’on se passionné pour quelque chose, cela veut dire qu’il y a un moteur. Les conditions d’une « traction ».
Certes, il faut identifier ce qui la constitue, ce en quoi elle peut intéresser largement, ce en quoi elle peut être différenciante. Mais en explorant notre passion, et surtout en la cultivant, on peut arriver à obtenir une pépite. C’est même la meilleure des façons. Cultiver sa passion c’est la confronter à l’actualité, aux réactions des gens qui la partagent, aux évolutions de la société comme de nos désirs. C’est la faire accoucher de moments forts, de révélations personnelles, de réalisations collectives. Et d’échecs aussi. Mais, ce chemin permet de tisser les contours de ce qui, dans un espace temps donné, nourrit l’intérêt et l’inspiration d’autres personnes comme les conditions de leur participation. LE tout articulé autour de sa propre trajectoire. Condition indispensable pour créer sa légitimité.
J’ai le souvenir ainsi de ce couple de réalisatrices engagées qui avaient réalisé leur premier webdocu sur le recyclage. Elles avaient essayé de le vendre à des médias. Puis, essuyant les refus, de le placer à des acteurs citoyens reconnus. Sans succès.
Au fil de nos discussions, nous avons convenu de travailler davantage sur la médiation locale : si elles étaient à la fois passionnées par l’échange, la pédagogie et les nouvelles formes alternatives citoyennes, pourquoi ne pas investir une médiation en proximité ? Le tout avec une approche créative.
Comment arriver à exister ? Et comment arriver à se convaincre de pouvoir porter ce sujet ? En expérimentant plusieurs formes évènementielles. Puis en faisant évoluer ou valider ces formes au contact des proches. Aujourd’hui, elle ont leur association qui ‘occupent d’un festival et de médiation en proximité.
En faisant évoluer sa passion, on l’adapte aux contraintes de l’environnement. On re-sème en tenant compte des spécificités du terrain, des retours positifs de l’écoystème et de ses impasses. On occupe le terrain en faisant partager son envie, en montrant ce dont on est capable.
Cultiver sa passion. Le meilleur moyen d’être utile et différenciant.

C’est aussi ce que j’avais conseille à un graphiste : comment évoluer dans un secteur hyper-concurrentiel. Olivier avait une bonne technique mais peu d’outil différenciant dans son secteur. Et sa posture de prestataire avait été très bien décrite dans le blog « mon maçon est graphiste »
Père de deux enfants, il lui arrivait de les garder au bureau de coworking. Le plus grand essayait d’apprendre les talents de son père et celui-ci le conseillait par petites touches. Le week end il lui arrivait d’organiser des jeux pour les gouters et les anniversaires de Victor et Felix.
Quand il m’a parlé d’atelier couture qui se développaient dans son quartier, le 17e, je lui ai conseillé de monter son propre atelier de création pour enfants. Les parents sont plus près à déclencher un achat substantiel pour leur progéniture, surtout quand elle les valorise.
Afin de pivoter par rapport à l’offre existante, il serait intéressant de proposer un atelier de coconstruction où les enfants dessinent en commun une oeuvre qui les concerne. Cette approche a le mérite de capitaliser sur deux talents peu conjoints : le graphisme et la pédagogie et l’animation pour les enfants. Le concept ne débouche pas toujours sur sa réalisation. Les solutions évidentes ne sont pas toujours appropriées par les entrepreneurs… Mais il s’agit d’un autre débat.

psy(source : Biggerthanlife)