La pyramide du déclassement

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La pyramide du déclassement

Jean-Philippe Marie de Chastenay, chef d’entreprise dans le domaine du numérique (agence Touaregs), a développé une thèse intéressante à Sciences Po il y a quelques années : la pyramide du déclassement.

Son postulat : l’automatisation et la robotisation des tâches a commencé à toucher le bas de la pyramide sociale (les « Très Faibles ») au XIXème siècle avec l’industrialisation. Puis ce phénomène est progressivement remonté le long de la pyramide, jusqu’à toucher la classe moyenne ces dernières décennies avec l’informatique notamment et même les classes aisées aujourd’hui. En effet, de nombreux métiers sont maintenant menacés parmi les cadres ou professions dites intellectuelles, à cause du développement des algorithmes de prédiction par exemple ou du traitement automatisé de nombreuses tâches administratives.

De ce fait, comme le dit Jean-Philippe Marie de Chastenay, « selon le principe du sablier, ceux qui tombent des strates supérieures arrivent dans la catégorie des Très Faibles [et ainsi de suite] ». Jusqu’à ce qu’un jour, peut-être, l’automatisation des tâches atteigne de tels niveaux qu’elle permette le remplacement de l’élite elle-même : une situation ubuesque où plus personne n’aurait d’emploi. Mais pour l’instant, souligne Jean-Philippe, « la strate du haut s’enrichit », comme le montrent toutes les statistiques sur les fameux « Top 1% » qui accaparent l’essentiel des richesses et comme l’a aussi démontré Piketty sur le long terme, dans son ouvrage « Le Capital au XXIème siècle ».

Il est intéressant de mettre cette analyse en regard de celles, de plus en plus nombreuses, qui prévoient la fin de la classe moyenne des pays développés : c’est notamment le cas de l’économiste Tyler Cowen et du journaliste David Boyle, qui désignent la classe moyenne comme prise en étau entre une classe dirigeante s’enrichissant toujours plus, notamment grâce au « numérique » et une classe pauvre qu’elle rejoindra bientôt…