Faut-il faire un CAP après un master ?

Faut-il faire un CAP après un master ?

Faut-il faire un CAP après un master ?

Dans son ouvrage La Révolte des premiers de la classe (éditions Arkhé) paru au mois de mai, le journaliste Jean-Laurent Cassely s’intéresse de près au phénomène des « néo-artisans », ces jeunes diplômés de l’enseignement supérieur qui se reconvertissent dans des métiers manuels.

Ces parcours atypiques, jusqu’alors anecdotiques, séduisent des profils d’aventuriers pour le moins homogènes : des jeunes cadres surdiplômés issus de cursus universitaires ou de grandes écoles. Ils sont 14% à entreprendre une réorientation professionnelle dans les deux ans suivant leur diplomation et pas moins de 7 000 d’entre se tournent vers les métiers de l’artisanat.

Le « bore-out » ou l’ennui

Le premier élément avancé par ces jeunes est le décalage entre leur capacité et l’appauvrissement des métiers, même des plus qualifiés. Les professions intellectuelles ont fini par être victimes du taylorisme qu’elles ont contribué à promouvoir en se mutant en « ouvriers du savoir ». Leurs métiers ont été parcellisés au point qu’elles ont perdu le sens et la vision globale dont elles étaient les garantes. Ces « néo-artisans » partent à la reconquête du concret et évitent ainsi une forme de déclassement.

Émergence d’une bourgeoisie d’artisans

Pour autant, ces « néo-artisans » continuent d’évoluer dans le même milieu avec les mêmes codes. Ils abordent leur nouvelle carrière sous l’angle de leur ancienne formation et contribuent, mieux que personne, à l’insérer dans une logique d’économique de marché. Ils répondent à la demande d’une clientèle dont ils sont issus, dont ils maitrisent les codes et contribuent à une gentrification de l’artisanat.

Si jusqu’alors le prestige social d’un métier augmentait à mesure qu’il s’éloigne de la production manuelle, ces « néo-artisans » annoncent une profonde redéfinition des codes sociaux.

Faut-il s’attendre à une valorisation accrue des métiers manuels dans les prochaines années ? Ce constat est contrebalancé par la digitalisation de l’économie, et la dématérialisation à tout va, dont les métiers associés rencontrent un franc succès.