La bienveillance en entreprise, une nouvelle mode ou une nécessité?

On parle de plus en plus de la bienveillance en entreprise. Mais pourquoi? Nous vivons dans une société qui est fragilisée et dans laquelle nous avons encore plus besoin de relations bienveillantes. Ce besoin ne s’arrête pas, comme par magie, lorsque nous franchissons la porte du travail. Or, beaucoup d’organisations subissent des pressions organisationnelles et managériales grandissantes.

Pourquoi la bienveillance en entreprise?

Tout d’abord, le travail ne se limite pas à la prestation d’un service ou à la mise à disposition de ses compétences contre une rémunération. Nous avons besoin de nous sentir écoutés et respectés en tant qu’être humain.

Ensuite, limiter le travail à un simple échange de temps contre de l’argent est extrêmement réducteur. Mettre de la bienveillance dans le travail, c’est donner l’occasion à chacun d’être lui-même pour que le travail devienne une expérience épanouissante*.

* D’après le département d’économie de l’Université de Warwick au Royaume-Uni, le fait d’être heureux augmente la productivité de près de 12 %

Quels sont les comportements bienveillants?

Il va de soi que le manque d’écoute, la pression, les comportements égoïstes vont à l’encontre de la bienveillance en entreprise. Mais la bienveillance ce n’est pas non plus :

• Faire des compliments à autrui alors que je ne le pense pas

• Éviter de te dire que ton comportement ou tes résultats ne sont pas bons

• Ne pas oser te faire une remarque en privé et la faire devant toute l’équipe (sans mentionner bien sûr qu’elle t’est destinée parce que j’ai peur de te blesser)

• Ignorer ton courriel dans lequel tu me demandes si j’ai pris une décision, parce que je n’ose pas te dire que j’ai choisi une autre personne que toi (c’est du « ghosting »)

Tout ça n’a rien à voir avec la bienveillance, car la clé numéro 1 de la bienveillance, c’est l’authenticité, la franchise, le courage et le respect.

Mais au fond la bienveillance, est-ce si nouveau?

Le concept n’est pas nouveau. Cela fait plus de 20 ans, que des chercheurs ont pu montrer que les entreprises sont plus productives lorsque les dirigeants gèrent leurs émotions. Alors pourquoi est-ce qu’on en parle comme d’une grande nouveauté? Parce que la majorité des compagnies n’a pas encore intégré cette culture et qu’il reste beaucoup de pain sur la planche.

Ce qui me rend optimiste, c’est la pénurie de main-d’œuvre (ironique, non?) et les nouvelles générations qui sont beaucoup plus en demande d’épanouissement professionnel. Certains entrepreneurs vont comprendre le besoin de créer cette culture et vont se différencier sur le marché du travail. Ce qui m’inquiète, c’est que le mot bienveillance soit repris comme « calinours » avec une vision idéalisée des choses. Or, lorsqu’on voit les choses avec des lunettes roses, on ne fait pas face à la réalité.

Quelques clés pour être bienveillant en entreprise

Gérer ses propres émotions

Vous ne pourrez pas être présent pour la personne en face de vous si vous êtes dans une spirale d’émotions.

Ne pas juger avant d’avoir écouté

Lorsque quelqu’un nous parle, nous avons tendance à tout de suite faire des conclusions et avoir un jugement envers la personne devant nous. Gardez en tête qu’il y a toujours une facette des choses que vous ne connaissez pas.

Faire preuve de sincérité

Vous pensez ce que vous dites et vous le faites avec sincérité (non pas parce que vous savez que vous devez demander un service).

Être à l’écoute

Donnez votre attention et votre écoute à la personne en face de vous. Ce simple geste peut faire une grosse différence.

Faire preuve de franchise

Il arrive que par peur de blesser quelqu’un, nous n’osions pas dire les choses telles qu’elles sont. C’est un sentiment normal et compréhensible… Mais ça n’améliore en rien la situation et surtout ça n’aide pas votre interlocuteur.

Apprendre à former les membres de l’équipe

Aidez vos collègues à devenir meilleurs, donnez-leur des conseils pour qu’ils puissent se démarquer et mieux se surpasser.

Apprendre aux personnes à se parler franchement et avec respect

Même lorsqu’on est en désaccord, il est possible de se parler calmement et dans le respect. Veillez à toujours instaurer un climat qui favorise ce comportement.

Permettre d’exprimer les difficultés (la vulnérabilité)

Voulez-vous un indicateur flagrant pour savoir si l’entreprise a une culture de bienveillance? Alors observez comment les problèmes et difficultés sont abordés. Est-ce qu’on peut faire part d’un problème à son supérieur, d’un malaise, d’un inconfort?

Reconnaître la singularité de chacun

La bienveillance reconnaît que nous sommes tous différents; nous avons quelque chose d’unique à apporter à la compagnie. Nous n’avons pas besoin de rentrer dans un moule.

Quelles étapes suivre pour mettre la bienveillance au cœur d’une compagnie?

1. Former et convaincre le sommet de la compagnie

2. Faire descendre cette culture de bienveillance dans la hiérarchie, par le coaching de la direction

3. Sanctionner les écarts et valoriser les bonnes pratiques

4. Mettre en place une politique de recrutement et de promotion qui valorise les personnes qui savent gérer leurs émotions

5. Mettre à disposition les outils de formation et de coaching indispensables pour permettre à chacun dans l’entreprise d’apprendre à écouter sans juger, à communiquer de façon constructive…

Comment convaincre mon gestionnaire de développer la bienveillance?

D’une part, vous pourriez être tenté de trouver une des nombreuses statistiques qui prouvent que les personnes épanouies au travail sont plus productives. On cite souvent une diminution d’absentéisme, de roulement de personnel, une augmentation de productivité, etc. Ces statistiques sont nombreuses et faciles à trouver sur Internet. Pourtant, je n’en ai mis aucune dans mon article! Pourquoi? Parce que le risque est d’instrumentaliser la bienveillance.

Souvent, cela devient un plan d’action, des règles, une stratégie, des critères d’évaluation. Par conséquent, l’échec est garanti. La bienveillance, c’est un état d’esprit, un acte gratuit, désintéressé, une manière d’être. Vous condamnez l’initiative en essayant de convaincre votre gestionnaire.

D’autre part, souhaitez-vous un environnement de travail dans lequel les gens échangent leur temps contre votre argent? Si oui, apprêtez-vous à négocier régulièrement. Oubliez la notion d’investissement personnel, de créativité, d’engagement. Voulez-vous créer un endroit de vie dans lequel les personnes veulent s’investir? Vous pourrez ainsi traverser plus facilement la pénurie de main-d’œuvre que vos concurrents.

Comment convaincre mes collaborateurs d’être bienveillants entre eux?

En fait, il n’est pas question de convaincre qui que ce soit. Il faut créer une culture d’entreprise dans laquelle la bienveillance va de soi. Voici quelques exemples :

• Agir à titre d’exemple; si vous n’êtes pas bienveillant, comment voulez-vous qu’eux le soient?

• Utiliser la rétroaction pour les encourager quand ils le sont et les corriger quand leur comportement ne l’est pas.

• Aider les personnes à mieux gérer leurs émotions, leurs conflits, à ne pas mal interpréter réactions des collègues

• Être attentif aux recrutements (si vous embauchez quelqu’un qui n’est pas bienveillant, quel message envoyez-vous au reste de l’équipe?)

• Faire de la bienveillance un critère essentiel pour être promu dans la hiérarchie

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